vendredi 30 mai 2008

Josephine aimait beaucoup les enfants...les siens étaient grands à présent; mais elle était arrière grand-mère et ses arrières-petits- fils lui amenaient souvent leurs copains à la sortie de l'école. Ce qui les faisait venir aussi c'était le goyavier qui faisait de l'ombre sur la droite de sa terrasse. Il était à cette époque de l'année chargé de fruits.

Les adultes , l'eau à mi- cuisse, la lance levée scrutaient l'eau pour y apercevoir les poissons endormis, sans réaction. Puis d'un geste précis, le bras se détendait et la lance partait, plongeant dans l'eau brunâtre du fleuve; Et il la ressortait avec au bout,un gros poisson. Les petits poissons eux, complètement endormis par le jus empoissonné, dérivaient avec le courant vers les filets qu'avaient tendus les femmes.

D'autres s'exerçaient à l'arc;le plus dur restant pour eux de repérer le poisson.

La pêche terminée, les pirogues descendirent le fleuve pour rejoindre le village. Tous les visages étaient souriants, car elle avait été bonne;il fallait maintenant songer à conserver tout ces poissons. Un feu avait été préparé par les vieilles femmes du village et elles installaient les poissons sur des feuillages au-dessus de chaque foyer, pour les mettre à sécher et à fumer.

Chacun se dirigeait vers le carbet cuisine pour y récupérer un peu de nourriture. La nuit allait venir; il fallait que chacun rentre chez lui; le coeur de Kulinaïlu se pinça lorsqu'elle vit partir le canot d'Ulu.
Ce matin là, d'aval ou d'amont de la rivière, les canots arrivaient, déchargeant les hommes, les femmes et les enfants et même les chiens.


cariacou
Chacun apportait les grands faitouts ronds,la nourriture déjà cuisinés et le gibier. Des hommes se mirent à bâtir un grand étal sur lequel ils déposèrent les plats déjà préparés; d'autres avaient allumés plusieurs foyers qu'on alimentait en bois morts, travail réservé au plus jeunes. Les femmes dépeçaient et découpaient en morceau les viandes fraîches: les agoutis, le cochon bois, le cariacou, les caïmans et le fameux tapir.

tapir

Les vieilles femmes mettaient la dernière main à la confection du cachiri. Des centaines de litres allaient être bus pendant ces quelques jours; peu à peu les yeux des hommes et des femmes s'injecteraient de sang mais rien ni personne ne pourrait arrêter cette beuverie, jusqu'à ce que le dernier faitout soit vide
.

bonne soirée lecteur...et bon début de week-end surtout. Que le soleil soit généreux et annonciateur enfin de l'été...



jeudi 29 mai 2008

Il s’agissait d’une petite crique à une heure de pirogue en amont du village que les habitants connaissaient bien. Là, ils pourraient faire provision de la liane hali hali. Ils empruntèrent un layon pendant quelques heures et se retrouvèrent dans un sous bois. Les arbres étaient hauts, majestueux. Des orchidées poussaient sur les troncs. Le vol des papillons morphos, aux ailes bleu métallique se détachait dans cette verdure. Des lianes pendaient aux branches. Les hommes et les femmes à l’aide de sabres d’abattis coupèrent ces lianes , les tronçonnèrent et les chargèrent dans leur katuri. Puis ils revinrent vers la crique.


pirogue d'estuaire

Maintenant, ils se mirent à taper sur ces racines pour en extraire un liquide blanc, un poison pour les poissons. Quand on dit poison, il s’agit en fait d’un liquide qui endort la faune de la rivière sur quelques dizaines de mètres.

Les femmes, à l’aide de filets avaient établi un barrage ; des hommes armés de lance en bois, harponnaient tous les poissons qui étaient sans réaction aucune ; d’autres avec leur arc , muni de flèches dont l’embout est en forme de trident fléchaient les Kumarus ou les poissons roches ; déjà des centaines de poissons gisaient sur l’herbe, frétillant de la queue à la recherche d’oxygène.

Kilinaïlu se régalait .

Dans ce bras du fleuve, l'eau coulait moins fort; les plus jeunes de s enfants s'éclaboussaient en poussant des cris de joie. De temps à autre,,il plongeaient pour réapparaître quelques mètres plus loin.
Les plus grands, enfilaient par les ouïes déjà la pêche sur des lianes.


nivrée

Kulinaïlu avait eu fort à faire pour retirer de l'eau un gros Kumaru , qui bien que fléché par elle, continuait à se débattre, battant l'eau de la queue et se tordant dans tous les sens.

Un garçon de son âge, d'une main sûre vint pour l'aider à sortir cette belle pièce de l'eau; il lui sourit. C'était un jeune Indien qui vivait avec sa famille au Surinam voisin. Il était venu avec un canot de son village, en compagnie de quelques hommes. Il se présenta à Kulinaïlu.
-"Bonjour, je m'appelle Ulu." lui dit-il en souriant.
-Merci, répondit-elle, je suis Kulinaïlu, tu seras là pour le maraké?
-Oui, mon père dit que tous les Wayanas seront là;
-ce sera le plus grand maraké de notre peuple.
-Il y a des jeunes gens de ton village qui font le maraké
-Moi, je le fais, dit Kulinaïlu
-Alors on le fera ensemble



Le 10 juin commencera sur Siamoises Lola et Tomi...un peu de pub pour un "livre de poésies " qui pourrait bien voir le jour, comme nous l'avions souhaité Marie et moi.

Bonne soirée lecteur...qui sait peut être déjà un logement; ce sera un souci de moins!

mardi 27 mai 2008

Allez Joséphine, je viens encore chez toi pour entendre ton histoire de maraké...Je ne te demande plus de qui tu tiens cette histoire. Les enfants seront encore sage ce soir à t'écouter.


Dans la matinée Antecume était passé au village. Il avait promis de venir avec de tapirs fraîchement tués. Kulunaïlu aimait bien parler avec Antécume. Antécume Pata n’était pas son vrai nom ; il avait été ouvrier chez Michelin et avait un jour débarqué en Guyane et plus particulièrement chez les Indiens. Gravement malade, il avait été recueilli par un village et soigné par eux. Il était tombé amoureux de la fille du chef, l ‘avait épousé et avait décidé de rester vivre avec eux et comme eux. A la mort de son beau père, le village avait changé d’endroit et pris le nom de leur nouveau chef Antécume Pata. Cela éviterait aux âmes de trop de morts de hanter le village.
C'était lui qui avait organisé la nivrée du lendemain ; La nivrée est une pêche, un peu spéciale…

Ce matin là, dès six heures, tout le village était en ébullition. De leurs carbets, les Indiens sortaient avec des katuris, des lances en bois et des arcs et flèches.

La brume de chaleur, épaisse, enveloppait le fleuve. Le jour venait à peine de se lever. Les oiseaux se réveillaient, poussant à la cime des arbres des cris perçants. Les chiens aussi rajoutaient à ce concert de bruits en jappant, courant après les enfants.

L’heure d’embarquer venait d’arriver. Trois pirogues descendaient le fleuve, les moteurs s’entendaient à des kilomètres. C’étaient des moteurs hors bord de soixante chevaux qui permettaient aux pirogues de franchir des distances beaucoup plus longues sans se fatiguer. Le temps de la navigation à la rame était presque terminé.

Antécume était dans l’une d’elles. Il se tenait près du takari, celui qui conduit le bateau. Un homme, debout devant chaque pirogue signale les pièges du fleuve, un tronc d’arbre, un rocher cet homme porte le nom de bossman. Ils s’arrêtèrent un instant près du dégrad*, *quai, aujourd’hui cimenté le temps que chacun monte dans les pirogues et ce furent pas moins de huit embarcations qui partirent ce matin là vers le lieu de la pêche.



école de Maripasoula
J'ai enseigné dans cette classe, au fond à droite, la classe de gauche. Au milieu le préau, qui servait aussi de réfectoire le midi..

Bonne soirée à toi lecteur!

Prépare toi à découvrir les aventures de Lola et Tomi écrites conjointement avec Marie sur Siamoises... Avec Lola et Tomi ce seront plus de 300 poèmes écrits par nous quasiment chaque soir pendant un an.Pour l'instant le blog s'étoffe de nos poèmes et bientôt d'autres poètes connus à cette époque là! Et bien sûr des photos, inédites de vous.


http://mimulata.blogspot.com/

lundi 26 mai 2008

entre...

entre recherche d'emploi et recherche de logement, je n'ai plus de temps à mon blog..juste vous lire le soir! Je finis le soir par la salle de sport, forme oblige et je rentre crevée.
J'espère que tout va se normaliser.
A bientôt!

jeudi 22 mai 2008

Joséphine ce soir là avait sorti la bouteille de coeur de chauffe, le citron vert et le sirop de sucre de canne maison. Une vraie cérémonie que le ti' punch... Il y avait auprès d'elle ce soir là les hommes qui avaient compté dans sa vie et qui venaient la visiter. Il faut dire que son punch valait vraiment le détour.



La réunion pouvait commencer. Ils s'assirent sur de petits bancs en bois, les kololos et le capitaine du village prit la parole.

"- Nous avons reçu la visite ces jours derniers des chamans de trois villages.
La tradition se perd;les jeunes lorsqu'il descendent à Maripasoula pour vendre et commercer dépensent l'argent au café. Ils se saoûlent et ne pensent qu'à s'habiller comme les Blancs..."
Nous devons leur faire retrouver les traditions, la coutume et nos lois."

kololo

Il a donc été décidé de faire un maraké, un grand maraké; pas seulement pour les jeunes. Les adultes aussi seront invités à le repasser ."

Kulinaïlu n'arrivait pas à dormir; elle attendait avec impatience la nouvelle. Lorsque son père revint beaucoup plus tard, il s'adressa à sa femme pensant que sa fille dormait, et elle eut le bonheur d'apprendre que sa candidature avait été retenue avec six autres jeunes des villages. Il y aurait donc cinq garçons et deux filles. Il avait été dit que les adultes seraient invités à repasser leur maraké; le vieux capitaine du village en serait à son quatrième. Ils avaient une vingtaine de jours pour effectuer les préparatifs de la toute première cérémonie, la première danse kalau; dès le lendemain des Indiens d'autres villages viendront aider qui à la chasse qui à la pêche; une nivrée était organisé dans trois jours. En attendant, il fallait dormir. La petite Kulinaïlu passa la tête hors du hamac et dit; "Merci Papa!" Ce fut pour elle la nuit la plus belle depuis celle où son petit frère était né.

Le lendemain matin après le petit déjeuner et la toilette la mère et la fille se remirent à la confection des galettes de cassave.


Elles détendirent la couleuvre en ôtant les lourdes pierres et la renversèrent sur une grande platine, une sorte de grande plaque sous lequel ronflait un feu vif. Puis à l'aide de palettes de bois, elles remuèrent le manioc de manière à le faire sécher lentement.

Peu à peu, on distinguait des grains de manioc; la première étape était presque terminée; elles avaient dans un premier temps obtenu le "couac". Les Bonis le consommaient surtout à ce stade, le matin au petit déjeuner. Café noir et couac...

En continuant encore, elles obtiendraient de la farine de manioc qui pourrait faire de si bonnes crêpes, des galettes succulentes qui se conserveraient longtemps encore. Il faudrait en faire une grande quantité pour nourrir tous ces gens pendant les deux jours que dureraient les premières festivités.




La chaleur du feu, la température extérieure faisaient qu'elles étaient en nage. Des torrents de sueur dévalaient de la tête au cou, entre les seins nus. Heureusement que les tenues indiennes ne sont pas très compliquées; juste une petite pièce de tissu rouge, noué autour de la ceinture


Les galettes avaient bien avancées ; on en avait déjà un grand nombre ; et on savait aussi que des autres villages arriverait aussi de la nourriture.



Que ta journée lecteur,soit ensoleillée et belle.

La nuit allait tomber et l'on voyait déjà sur le fleuve les masses sombres de la brume se ramasser le long des berges. Il était temps pour moi de retrouver ma conteuse qui ce soir là se trouvait dans son petit jardin en train de ramasser un giromon. Je vais le faire en gratin me dit-elle. Tu sais faire le gratin de giromon? Regarde et écoute me dit elle...



-Oui, je m'en rappelle un tout petit peu; mais j'étais petite à cette époque là et je ne pensais qu'à jouer avec ma cousine.
-Elle va venir avec son mari.
-Elle s'est déjà mariée; elle n'a que treize ans!
-Assez bavardé...va chercher de l'eau et mets la à chauffer. Ton père aura faim lorsqu'il rentrera de la chasse.
-C'est pour ça que les hommes ils y vont tous les jours...
-Va je te dis...

Et Kulinaïlu, en petite fille obéissante, part chercher de l'eau au fleuve tout proche. Il lui suffit de descendre un petit raidillon, car tous les villages sont perchés. En effet il arrive au fleuve, lors des grosses pluies, de monter de deux ou trois mètres dans la nuit. Elle remonte de l'eau dans sa poterie et la place sous les cendres. A l'aide d'un éventail en vannerie, le wawai, elle ranime le feu.

La nuit est maintenant tombée, il est six heures trente et toute la famille est regroupée pour partager le poisson que la maman a mis à bouillir. Papa a pêché un énorme piraï, sorte de gros piranha. Chacun puise un morceau à même la marmite avec ses doigts. Ce qui réduit la vaisselle.


Papa a ramené aussi des ouis, sorte d'énormes poissons-chats . Il demande à maman de les fumer pour les conserver en vue de la grande réception; il ne veut toujours pas dire maraké et pourtant je crois avoir deviné; il y a des signes qui ne trompent pas...

Papa se dirige alors vers le tukusipan, le carbet des réunions, placé au centre du village.
Le chaman est là qui l'attend; il est arrivé le premier, suivi bientôt de tous les hommes du village.

Il faut les voir, ces beaux hommes, vêtus uniquement de leur kalimbé, accroché à la ceinture. Leur peau cuivré...

Tukusipan

Bonne soirée lecteur

mardi 20 mai 2008

retour

Me voici de retour pour quelques jours encore car je compte bien émailler les mois et les années à venir de ces visites qui lui font tant de bien. Elle va bien, je vous rassure, comme une personne de 87 ans qui vit seule dans une maison devenue trop grande.
Elle ne veut pas encore de moi. "Ce serait un enterrement de première classe" dit-elle.
Elle ne veut pas avoir à cuisiner pour deux...ben oui c'est encore la maîtresse de maison...
Elle se demande où je pourrais bien mettre mon mur de livres...
bref, elle n'est pas prête.
Mais chacun de mes départs lui crève le coeur. Elle y pense dès l'avant veille. Je la surprends à me regarder lorsque nous sommes assis devant la télé...
Si cela devait se faire, je ferai suivre internet car je ne veux pas me couper de vous tous, de mes amis...

Je vous mettrai la suite de Maraké demain ainsi qu'un nouveau poème de Marie (MarieL) chez Siamoises..douce nuit à toi lecteur

mercredi 14 mai 2008

demain je vais voir mon galant

Le vert galant, bien sûr... puisque je serai à Marvejols jusqu'à lundi soir.Maman oblige...
Bon week-end à toi passant d'ici.

mardi 13 mai 2008

Comme chaque soir, je retournais m'asseoir sous la tonnelle de la petite maison au toit en bardeaux. Elle était là à m'attendre. Elle savait que je viendrais jusqu'à ce que l'histoire se termine . Ce soir, elle avait préparé un punch traditionnel, vous savez,avec le coeur de chauffe comme il l'appelle ici.

Il était important de se reposer tant la chaleur était grande. Elles s'installèrent chacune dans un hamac et prirent le coton qu'elles filèrent pendant le temps de la sieste.


Elles tenaient une canette en bois, sorte de petite toupie percée qu'elles roulaient sur la cuisse, torsadant le coton pour en faire un fil très mince mais très résistant.


"-Kulinaïlu, viens m'aider!" dit sa maman...
Toutes les deux, se dirigèrent vers le carbet-cuisine.

Dans un premier temps, elles épluchèrent la racine de manioc. Puis elles la râpèrent, sur un égrugeoir. Déjà une grande quantité de jus s'écoulait... il faut te dire lecteur que ce liquide est très nocif; il peut tuer un petit animal qui en boirait.

Après, elles disposèrent le manioc râpé dans une longue couleuvre tressée, qu'elles tassèrent bien. Ensuite, elles disposèrent une grosse pierre lourde pour exercer une pression sur les mailles tressées de la couleuvre.


-Maman tu peux bien me le dire? Pourquoi allons-nous préparer autant de cassaves?
-C'est qu'il va venir beaucoup de monde!!!
-Qui doit venir?
Tous les villages du Haut-Maroni, ceux du Litany, même ceux du Haut Tapanahony viendront.
-Dis mais ça fait au moins deux cents personnes! Pourquoi réunir autant de gens. Il va y avoir tous les Indiens Wayanas!!!
-Et pas que des Wayanas...Tu sais il faut aussi que l'on prépare le cachiri et de la nourriture pour au moins trois jours.

-Trois jours mais c'est le temps pour un maraké...Il va y avoir un maraké!!! Que je suis heureuse. Papa pourra porter la jolie ceinture que je lui ai fabriquée. Et puis peut-être que ce soir le capitaine du village pourra accepter que je le passe. J'ai tant envie de le passer. Tu crois que Papa va le demander au chef du village?
-Le temps que le jus s'écoule, va chercher de l'eau et mets-la à bouillir.
-Maman tu as passé le maraké quand tu étais petite?
-Je l'ai passé j'avais quinze ans et ton grand frère était alors un tout petit bébé...
- C'est dur? Ca fait mal?
-Ne m'ennuie pas avec tes questions... Si tu as demandé à passer le maraké à ton père, c'est que tu te sens prête à affronter la vie. Tu étais petite il y a cinq ans mais tu dois te rappeler comment ça se passe. Nous étions à Antécume Pata...


Antécume Pata vu d'hélico

Que ta soirée soit douce lecteur, laisse toi porter par la beauté des lieux. N'hésite pas à me questionner si quelque chose t'échappe...
Et puis retrouvez un poème de Marie dans Siamoises...

lundi 12 mai 2008

Tendrement je te quitte

Photo prise chez Olico, qui ne m'en voudra pas je pense. Si c'était le cas j'enlèverai cette photo .
Retrouvez malgré tout ses photos ici : http://olico.blogspot.com/


Tendrement je te quitte


Tant de prières dites

Près d’un corps alangui

Tant de mots sur le marbre

Viennent sonner l’alarme

Avant le long voyage

Quand ta vie se dénoue.


Fraternité unique,

Que ma tendre amitié

Te parvienne, encore,

Quand ton esprit entame,

Muni d’un sauf conduit,

Son tout dernier chemin.


Faut-il qu’à mes suppliques

Le passeur dépité

Me prive de ton corps ?

Il me laisse ton âme

Pour éclairer ma nuit

Et bercer mon chagrin.


Tendrement je te quitte

Et ces gouttes de pluie

Qui s’égouttent des arbres

Font écho à mes larmes

Inondant mon visage

En dévalant mes joues.


Je te souhaite douce soirée lecteur, pardonne ce temps d'éloignement de mes écrits, temps nécessaire pour me recueillir. Pentecôte, me rappelle les roses de Pentecôte qu'elle aimait tant, ses pivoines... Hier, aujourd'hui j'étais beaucoup avec elle.
Et puis la visite de Rom a aussi beaucoup contribué à réactiver tout ça. J'avais pris dans le jardin de ma maman un petit pied de pivoine que je lui destinais lorsqu'il aurait pris un peu plus de volume...

Et puis un nouvel article sur Siamoises...

mercredi 7 mai 2008

et là tandis que la journée s'achevait, je continuais à l'écouter me raconter, en regardant les volutes de fumée qui s'échappaient de sa pipe...

Elle installa le hamac entre deux arbres et retourna auprès de sa mère qui avait commencé à ramasser les racines, coupant les feuilles au sabre. A son tour, elle se saisit d’un sabre qu’elle maniait fort bien malgré ses dix ans. Avec son aide, elle creusait la terre meuble et déterrait la racine puis d’un geste précis, elle coupait la tige ne gardant que la racine ; enfin elle raclait le manioc pour faire tomber la terre grasse qui aurait pu rester.

Elles en firent un tas puis garnirent le catouri, sorte de sac à dos tout en vannerie tressée. Il allait bientôt être midi et elles avaient travaillé côte à côte sans parler. Maman cueillit quelques fleurs de coton avant de donner le signal du départ.



"A présent le soleil est très haut dans le ciel et il est temps de rentrer au village."
Kulinaïlu récupéra son
petit frère, sa maman le catouri et notre petite troupe rentra en se mettant le plus possible à l'ombre des grands arbres.

En chemin, elle s'inquiéta de savoir pourquoi sa mère voulait refaire des galettes de cassave.
"Il en reste encore à la maison.
"
Sa mère lui répondit que le village allait organiser une fête. Et ces mots résonnèrent dans la tête de Kulinaïlu... un maraké???

Sa mère ne répondit pas mais lui fit un petit sourire en pinçant les lèvres.
Si seulement pensa-t-elle à ce moment.
Une fois au village , elles allèrent porter leur récolte au carbet cuisine puis retournèrent au leur.

Bonne et belle journée lecteur.

lundi 5 mai 2008

week-end rencontres...

Samedi, j'avais décidé de me rendre au vernissage d'Arlou. Vous savez une "bloggueuse" que je visite chaque jour, et dont je vous mets les liens ici.
http://art-lette.over-blog.com/

Ce blog est le premier sur lequel je me plais à aller voir son travail de peintre et dont les "chinoiseries " me plaisent beaucoup. Je dis chinoiseries parce que Arlette a l'immense talent de peindre "chinois traditionnel". Du support sur papier de riz aux peintures tout vient de Chine. Elle a appris d'un peintre chinois. Elle expose avec Le Zhang, qui vient de Pékin.

Elle a ouvert un second blog dans lequel elle nous montre d'autres talents, comme celui de l'écriture et beaucoup ne savent pas comment s'y rendre.

http://arlou.canalblog.com/
et si ce lien ne s'ouvre pas, passez par Arlette 2...dans mes liens.



Outre le plaisir que procure une rencontre, de passer du virtuel au réel m'émerveille chaque fois, tant vous êtes merveilleux, j'ai pu discuter avec les peintres de leur travail et en retirer pour ma vie quelques enseignements.

Et puis sur la fin de la journée, j'ai pu participer à la cérémonie du thé...




J'avais commencé ma journée par la visite de l'abbaye de Sénanque. Puis , sans m'arrêter trop longtemps je suis passée par des lieux mythiques: Gordes, Fontaine de Vaucluse, l'Isle sur Sorgues pour donc arriver à Pernes les Fontaines.




Et pour finir ce week end chargé en émotions, j'ai retrouvé comme souvent Ptit' Mary, partager un repas avec quelques membres de sa famille au bord de mer, à la Ciotat. Temps superbe mais pas encore de baignade pour moi...juste pris le soleil!




Bonne journée lecteur, aujourd'hui, je vais faire le plein de silence et emmagasiner toutes ces bonnes choses au fond de moi.

samedi 3 mai 2008

Madame Joséphine aimait beaucoup la compagnie et ce qu'elle préférait par-dessus tout c'était nous raconter ses histoires où se mêlait réalité et fiction. On ne savait plus très bien si ce qu'elle racontait tenait du mystérieux ou si ses dires restaient enracinés à sa terre natale. Elle était créole, disait-elle, mais nous n'avons jamais su exactement de quelle île caraïbe elle venait. On n'aurait pas su dire son âge, non plus. Elle cachait probablement ses cheveux blancs sous un foulard, noué à la pirate. Et toujours son brûlot à la bouche...que pouvait-elle bien fumer?

Ils avaien pris, en famille le chemin de l’abattis familial . Il était aujourd’hui en pleine production ; on y récoltait des ignames, des tarots, des giraumons, du paddy et des fruits à profusion …mangues, papayes, cristophines, goyaves, maubins, caramboles, fruits de la passion et autres agrumes.

Il faut dire que les hommes de la famille avaient travaillé dur sur ce lopin de terre. Il était au creux d’un vallon, à quelques trois kilomètres du village ; un jour, il y a quelques mois de cela, les hommes étaient partis avec leur sabre d’abattis en reconnaissance.

Puis ils avaient abattu une partie de la forêt, qui deviendrait leur jardin. On aurait pu se croire revenu au moyen- âge, lorsque les paysans défrichaient à tour de bras. Ces arbres abattus avaient séché, grillé au soleil durant tout le grand été et ce n’est qu’à la fin octobre qu’il avaient mis le feu à ce bûcher.

L’humidité régnante avait arrêté cet incendie ; il ne s’était pas propagé. Il avait juste brûlé l’emplacement du jardin. Outre le fait de nettoyer le terrain des mauvaises herbes ou de réduire les gros troncs à l’état de cendres, ce brûlis avait la propriété de produire de l’engrais et de détruire toutes les bestioles qui vivaient dans la terre et qui parasitaient le sol.

Puis, ils avaient attendu les premières pluies… Et au pays de Kulinaïlu (le [u] se prononce ou) quand commençait la saison des pluies, il pleuvait tous les jours ; c'étaient des trombes d’eau qui s’abattaient sur cette végétation… qui atteignait alors le gigantisme que l'on sait.

Au tout début de cette saison des pluies, les Indiens avaient coutume de planter du riz, le paddy qui ne pousse qu’à cette saison car le sol se transforme très vite en rizière. La terre n’a pas le temps de s'assécher .

Ce matin–là, les femmes de la maison venaient faire la récolte du manioc pour préparer les galettes de cassave ; et ce n’est pas tous les jours que l’on fabrique la cassave !
Pas comme nos boulangers. Kulinaïlu, portait le plus jeune de la famille dans un hamac qu’elle avait suspendu autour de son cou. Le hamac lui barrait la poitrine et elle portait l'enfant sur la hanche, les jambes du bébé enserrant la taille de la jeune fille. Les autres portaient des calebasses pour arroser certaines jeunes pousses qui avaient des besoins plus pressent en liquide. Le fleuve n'était pas loin.

Bon début de week-end , lecteur. Je m'en vais visiter une bloggeuse, et vous lirais ce soir en rentrant.

vendredi 2 mai 2008

J'ai retrouvé Madame Joséphine, assise dans un fauteuil sur sa terrasse le lendemain, après la sieste. Après nos salutations, j'ai voulu en savoir plus. Elle avait sur sa tête un foulard noué serré et tirait déjà sur le tuyau de sa petite pipe. J'étais incapable de lui donner un âge. Je savais juste qu'elle était respectée dans le village...respectée et crainte.

Elle repris son discours de la veille, sans que j'ai eu besoin de lui rappeler l'endroit où elle avait laissé son récit.


Et ce matin, comme elle se l’était promis, voici notre petite Kulinaïlu qui se dirigea vers son papa, lequel était en train de placer le moteur sur sa pirogue.
-"Père lui dit-elle, amène moi à la chasse?"
-"Non, répondit-il. Tu ne peux pas venir; tout d'abord tu es une fille et tu dois aider ta maman; ensuite tu sais bien que seuls les enfants qui ont passé le maraké peuvent aller chasser!"
-"Et pourquoi je ne passerai pas le maraké ? Quand sera le prochain? Papa dit, je veux passer le maraké !"
A force d'insistance, le papa, qui connaissait bien sa fille lui dit:
-"Ce soir, les anciens du village et le chaman* nous nous réunissons pour décider d'une date. C'est notre village qui va organiser le prochain et je demanderai au conseil s'ils acceptent de te voir passer les épreuves. Mais tu sais c'est déjà dur pour un garçon, alors dis-toi que pour une fille ce sera encore plus dur; ils ne te feront aucun cadeau.
-Tu sais comme je suis courageuse...
-Je sais ma fille je te connais et je suis persuadé que tu peux les réussir...
En attendant retourne avec ta mère et laisse moi finir de préparer le canot"

Jamais journée n'aura été aussi longue. Et pourtant la petite Kulinaïlu n'avait pas eu le temps de s'ennuyer.

Elle était descendue au bord du fleuve pour sa toilette matinale en compagnie de ses deux petits frères. Le fleuve, lieu de vie de son village. Là, elle y avait rencontré ses deux amis et elle leur avait raconté comment elle avait osé parler à son père.

Les enfants jouèrent dans cette eau couleur de latérite, s’aspergeant, plongeant. Personne ne leur avait appris à nager et pourtant ils affrontaient tous les jours les courants rapides… Déjà quelques canots montaient ou descendaient le litany, amenant les hommes qui à la chasse, qui à la pêche.

Puis, elle était remontée manger un peu de couac* en guise de déjeuner.

*Le couac, obtenu avec le manioc, est formé de grains de couleur jaune et sert à l'alimentation de chaque jour.


Que ta journée soit une douce journée, lecteur, accompagnée de moments d'intenses partages avec ceux que tu aimes.