dimanche 26 octobre 2008

Avant mon départ pour une semaine en Lozère, mon texte pour les Impromptus littéraires...

ici :
http://www.impromptuslitteraires.fr/dotclear/index.php?2008/10/21/4532-lola-ma-bibliotheque
et ici aussi...

Ma bibliothèque

Tremblante, hésitante, lorsque ma main explore

Le rayon où se trouve l’objet de mon désir

Ce recueil des poèmes de Byron que j’adore

Savourer près d’un feu, dans un soir qui s’étire.


Je m’assois, près de l’âtre, dans un fauteuil bergère

A écouter la buche craquer sur ses chenets

Les livres qui m’entourent louangent les trouvères,

Les lais des troubadours, tous ici confinés.


Là, vivent les romans, des quatre coins du monde,

Histoires véridiques ou contes merveilleux

Qui, soudain, me transportent dans les cieux ou sur l’onde

Racontant des destins plus ou moins glorieux.


Plus loin, c’est l’aventure, au fin fond d’une armoire

Des recueils de voyages vers des pays lointain,

Marco Polo, la Chine dans très vieux grimoires

Paul Emile Victor et son nord incertain.


Les livres qui m’entourent me rassurent et m’apaisent

Ils m’apportent, à la brune, le rêve et l’évasion,

Dans ce monde agité, ouvre une parenthèse

Que je refermerai à ma disparition.


A tout bientôt, lecteur, je pars me rapprocher de l'âme de mes chers disparus et me rapprocher de celle qui m'a mise au monde ...

vendredi 24 octobre 2008

de blog en blog

Lectrice de Gicerilla depuis une certaine note sur Camille Claudel, (elle a dû sans doute en consultant Google, voir que j'avais choisi une de ses sculptures pour une de mes rimailles) je suis tombée sur son texte : » Les métamorphoses » que je vous engage à aller lire ici.

http://gicerilla.hautetfort.com/archive/2008/09/29/elle-les-metamorphoses.html



Ayant fait textes anciens en terminale, j'ai une passion pour ces histoires; celle ci m'a de suite plu. J'ai aussi fait des rimailles sur ce sujet, rappelez vous

http://amuse1.blogspot.com/2007/12/ulysse-et-calypso.html

Je me suis servie de son texte tout en découvrant Chamsin de Françoise Blanc Dupasquier qu'il vous faut absolument aller voir ici.

http://francoise-blanc-dupasquier.over-blog.com/article-23494301.html


Ainsi de blog en blog je vous livre un poème vous invitant à aller voir ces deux autres blogs.
Cela m'a permis aussi d'échanger avec ces deux bloggeuses. J'ai même peaufiner mon texte avec Gicerilla, pour dire!

Provatina et Alepou



Provatina dépose sa corbeille d’offrandes
Assorties de prières devant l’autel des Dieux
La santé de son père qu’en vain elle quémande
De Zeus Ephestios touche le cœur radieux.

Elle court les pieds nus dans les myrtes en fleur
Lorsque son regard croise celui d’un pastoureau ;
Et son cœur tambourine dessous son cache-cœur,
Subjuguée par l’éphèbe qui devient son héros.

Il est beau comme un dieu au milieu des moutons
N’en déplaise au Cronide, gardien des hyménées ;
Elle se baigne, nue, protégée par Triton
Sous les yeux du berger à l’amour enchaîné.

Le maître de l’Ida, en ses métamorphoses
Se transforme en dauphin pour séduire la belle
Mais Alepou surveille, de sa houlette ose
Châtier le souffleur et lui cherche querelle.


Le maître de l’Olympe le change alors en loup
Ne lui laissant alors qu’un hurlement plaintif
Tout au fond de sa gorge en guise de mots doux ;
La vierge se désole devant le fugitif.

Découvrant ses instincts, il s’en prend aux brebis
Qu’il dévore la nuit pour soulager sa faim.
La vestale, implorante, à deux genoux, supplie
Héra pour qu’on lui rende son prétendant câlin.

Là, au détour d’un bois, dans le soleil couchant,
Alepou apparait empourpré de lumière,
Le corps semblant taillé dans un bloc rougeoyant
De porphyre massif, répond à ses prières.

Mais un dernier rayon de Zeus Pelôrios
Le transforme en loup aux lèvres retroussées
Et sa belle en brebis que le louvard féroce
Pourchassera sans fin, voulant la dévorer.

J'espère vous avoir fait découvrir deux espaces passionnant, l'un dans le domaine de l'écriture et l'autre dans celui de la peinture.

Lecteur, je suis encore là demain mais partirai sur la Lozère pour les vacances de Toussaint dès samedi. Je vous retrouverai le 2 au soir. Je vous mettrai avant de partir mon exercice sur les Impromptus littéraires.

jeudi 23 octobre 2008

Libération mars 1945 (5)

Nous en croisons sur la route qui passent en camion, ainsi que des chars couverts d’hommes et de femmes. Nous apercevons une grosse ferme et nous nous y dirigeons hâtivement. Près du bâtiment, nous voyons quelques russes en train de creuser des tombes. Dans la cour ronde, on distingue la trace de combats : empreintes de roues, taches de sang, bouleversement d’instruments agricoles. On nous redemande nos montres. Nous demandons à boire et on nous fait entrer dans la cuisine où une femme soldat, jupe kaki, bourgeron kaki avec décoration, béret noir avec l’étoile soviétique nous donne à boire de l’eau.

Un officier est près d’elle, la poitrine constellée de décorations. Lui aussi nous demande nos montres sans nous menacer. Nous ne comprenons pas ; là c’est trop dangereux, il y a trop de troupes. Nous revenons sur la route, où nous croisons des convois de camions chargés de troupes, ravitaillement, munitions ?. Nous marchons péniblement. Nous rencontrons une remorque chargée de français traînée par deux beaux chevaux. Ils n’iront pas loin, car quelques kilomètres plus loin, les Russes prendront les chevaux, en échange d’une vieille carne qui n’a plus que la peau et les os. Ils auront toutes les peines du monde à monter les côtes, étant obligés d’aider le cheval, à la plus petite montée.

De-ci, delà des cadavres de soldats allemands dans les fossés, dans les champs, tous déchaussés. Il y a aussi des voitures, autos, charrettes, renversées dans les fossés ; des chevaux ; des vaches, des cochons, les quatre fers en l’air, gonflés pour la plupart ; et tout ce qu’une armée en déroute peut abandonner. Voici un char de réfugiés, dans les fossés, les vêtements, le linge, les caisses ; tout est en désordre. Où sont passés les êtres qui ont quitté leur foyer devant l’avance soviétique ?

Des soldats placent les lignes téléphoniques de campagne. Nous arrivons en haut d’une côte. Enfin un village où il n’y a pas de troupes. Nous nous arrêtons à la première maison. A l’entrée un tas de sacs tyroliens, trempés de neige et de fange. Nous nous installons qui dans l’étable, qui dans la grange en gardant bien auprès de nous nos sacs et valises. On casse la croûte comme on peut, non sans avoir visité les autres maisons où nous pouvons trouver des victuailles. On se régale de manger de la viande (du poulet, du cochon). C’est le pain qui manque le plus. Nous le remplaçons par des pommes de terre.

En allant de maison en maison, j’ai été horrifié par de spectacles inoubliables. Une truie, de son groin, cherchait dans le fumier sa nourriture et secouait le cadavre d’un soldat allemand qui la gênait. Plus loin ; un autre Allemand gisait l’annulaire droit coupé. Un peu partout, des cadavres. On s’était battu, ici. Dans la maison où nous sommes, il y a un vieil Allemand qui se désole ; il est atterré, chez lui tout est sans dessus dessous, comme partout. Je vois sur le chemin des billets de banque allemands, on lui a tout jeté dehors. C’est le revers de la médaille et il paye pour ceux qui ont conduit son pays à la guerre. Il nous prête complaisamment des ustensiles de cuisine. La nuit tombe ; je m’installe dans la paille et je m’endors aussitôt.

4 mars 1945

Nous reprenons nos pérégrinations sur la route après avoir bu notre café ersatz. Maintenant, nous avons tous des carrioles à bras et on est plus à l’aise pour marcher. Nous croisons toujours des camions (américains !) chargés de pièces d’artillerie tractée, de chars. Nous allons vers Polnow où de durs combats ont eu lieu, alors que nous étions encore à Martinshagen.

Nous arrivons dans la ville encore ne flammes. Toujours des cadavres dans le fossé, sur les trottoirs. Voici une femme étendue, le corps à demi nu. Nous traversons la ville en hâte, la route est jonchée de débris de toute sorte. Où logerons- nous ce soir ? Nous arrivons dans un village comme les autres. Les troupes russes continuent à déferler vers l’avant. Nous faisons halte dans ce village et tout de suite on prépare le souper. Les Russes s’introduisent dans la maison et sont heureux de partager notre repas. Avant de partir ils arrosent de leurs mitraillettes quelques tableaux encore au mur. D’autres cherchent à causer avec nous ; l’un d’eux partage entre tous son paquet de tabac. La nuit venue nous nous installons sur des matelas recouverts d’édredons, nous passons une nuit bien au chaud.

5 mars 1945

Personne ne s’occupe de nous, nous reprenons notre marche en direction de l’Est, vers la Pologne, pas très éloignée…

Encore des aventures, après de nombreux jours de marche pour arriver en Pologne, dans une gare, trempés jusqu’aux os. Même pas séchés, nous montons sur des wagons découverts, à charbon. Le train nous amène à Bromberg (Bydgoszcz) Nous sommes parqués dans un camp, longtemps, avant d’être amenés, par train, à Odessa, camp de Lunsdoff, à 15 kms de la ville. Je quitterai Odessa le 2 août 1945 pour arriver à Strasbourg le 21 août 1945. A Paris le 22 août, à Chanac le 23 août 1945. J’ai retrouvé ma petite femme, mes parents, mes beaux parents. Quelle joie !!!après tant de souffrances.
(Copie d’un brouillon, sans corrections, conservé depuis ma captivité et ma libération par l’armée soviétique le 2 mars 1945)



La première page de ce document..



Mes mercredis étant plus que surbookés je ne viendrai vous voir qu'aujourd'hui mais je te reste fidèle lecteur...demain rimaille ! Que cette journée soit émaillée de petits bonheurs!

mardi 21 octobre 2008

Libération mars 1945 (4)

Je précise que ce texte n'est pas une de mes fictions mais un texte écrit par mon papa en 1945...


3 mars 1945

"Il fait jour quand nous sortons de la grange, installée au-dessus de l’étable. On prend sur nos réserves pour casser la croûte, puis nous descendons par une échelle donnant sur l’extérieur. Que voyons- nous ? Un vieil Allemand qui vient de l’étable soigner ses bêtes. Il est complètement amorphe et ose à peine nous parler. Nous ne palabrons pas et sac au dos nous poursuivons notre marche vers l’est ; marche pénible, car nous sommes trop chargés.
Nous faisons de temps en temps de bonnes pauses. Nous voici dans un autre village occupé par les Russes. Ils nous laissent passer sans difficulté. Près d’une ferme, je vois une carriole que je réquisitionne aussitôt. Mon sac, ma caisse et la charge de deux de mes camarades, y vienne t dessus. Allégé, je peux plus facilement « bouffer » les kilomètres. Nous traversons plusieurs villages, fraîchement occupés, d’autres où nous ne trouvons personne, ni Russes ni Allemands. Midi approche et nous voici dans un village aussi mort que les autres. Nous pénétrons dans les fermes plus ou moins saccagées. Dans l’une, il y a encore du pain sur la table, avec des œufs. Sur une étagère, des bocaux de confiture. J’en prends un sous le bras, un autre sur la carriole. Dans une autre ferme, je vois un parquet défoncé et des caisses pleines de bocaux contenant viande d’oie, pâté, volaille, confiture. Les Russes ont festoyé dans la cuisine. Il y a encore des relents de leur ripaille sur la table, sur le fourneau de brique, sur les étagères. C’est un désordre indescriptible. Je ne m’arrête pas car il faut que nous restions groupés. J’emporte la moitié d’une miche de pain et je repars avec mes deux bocaux qui très grands, sont plutôt gênants. A la sortie du village, nous nous retrouvons tous et sur le bord de la route nous nous installons pour manger ce que nous avons trouvé dans les maisons abandonnées Je distribue, à pleines cuillérées, la confiture de mes bocaux. Le patron d’une grosse ferme dont on entrevoit la façade entre les arbres, s’approche de nous et vante les Français. Il en avait 7 à son service. Bien sûr, il n’y a pas de comparaison avec les Russes.
Nous voyons apparaître une jeune fille, les yeux rouges de larmes. Son père l’envoie chercher du lait. Elle revient peu après avec un seau plein de lait. Elle distribue le lait à plein quarts. Nous ne lui demandons pas le motif de ses larmes, nous comprenons vite ce qui l’a rendue ainsi…
Nous reprenons notre chemin pour aboutir sur une route plus importante. Nous avons à peine fait 200 mètres sur cette route que nous apercevons dans le fossé le premier cadavre russe. Il est sale, gonflé, la lèvre saignante, les bras en croix. Cette vision nous dit qu’on s’est battu par ici. Un peu plus loin, deux autres Russes, au milieu de la route, mitraillette sous le bras, nous arrêtent en nous menaçant. On entend de temps en temps crépiter des mitraillettes, nous sommes encore sur le front. Ces deux Russes, des blancs, aux mines rébarbatives, sales, crasseux même, chaussés de bottes allemandes, hurlent. Nous ne les comprenons pas. Ils tirent quelques rafales et nous menacent. Ils nous font comprendre qu’ils veulent nos montres et je suis un des premiers fouillés. Le soudard me met le canon de sa mitraillette sur la poitrine et la fait aller de droite à gauche en lâchant de courtes rafales de chaque côté de ma poitrine. Je lui sors un réveil de la poche de ma capote. Il n’en veut pas. Je lui dis « pleni fransouski ». Il ouvre de grands yeux, et passe à un autre. J’ai eu chaud. Tout le groupe passe à la fouille et ils ramassent ainsi une dizaine de montres. Un officier à cheval, passe s’en s’arrêter, et sans s’occuper de ce qu’on nous fait. Enfin nous pouvons poursuivre notre équipée.
Nous arrivons sur un vaste plateau. De chaque côté de la route nous voyons des chars, des pièces d’artillerie en position de tir. Partout l’armée rouge s’affaire. Un peu plus loin, voici deux soldats qui se battent et se roulent dans la boue. Nous allons de l’avant plus rapidement, car le contact de ces soldats nous fait peur et pour cause !"


Je viens de terminer un poème qui viendra à la suite de ce document lorsque je l'aurais fini... Belle journée à toi lecteur!

lundi 20 octobre 2008

Libération mars 1945 (3)

1er mars 1945

"Personne n’est venu nous appeler pour aller au travail. Nous avons fait la grasse matinée. A midi, nous avons mangé le peu de victuailles que nous avions. Dans la cour de la ferme, un char de réfugiés prussiens. Avec eux un prisonnier français qui nous raconte ses pérégrinations sur les routes. C’est lui le postillon et le valet. Il n’a pas pu se résigner à quitter ses patrons. Dans l’après-midi, deux d’entre nous vont se promener avec des Ukrainiens du côté de Nemitz, essayant de voir les Russes. Quelques heures après, ils reviennent et nous racontent leur promenade. A la sortie d’un bois, ils sont vus par une patrouille soviétique qui immédiatement décoche des rafales de mitraillettes. Aussitôt, ils lèvent les bras et s’approchent de la patrouille qui les amène au village occupé par des blindés. Les Ukrainiens discutent avec les soldats. Les Russes amènent tout le monde dans une maison où on les fait manger, boire, fumer. Nos deux camarades annoncent qu’à Martinshagen, il y a d’autres français, et demandent à venir nous chercher afin que nous passions dans leurs lignes. Les Russes les laissent revenir et aussitôt on fait nos paquets et nous nous dirigeons en groupe vers Nemitz.

2 mars 1945.

Ce n’est que le lendemain du 1er mars que nous quittons Martinshagen pour rejoindre les lignes russes, sentant que la population du village nous laissent entièrement libres ; les gens sont amorphes, inquiets sur leur sort, ne sachant que faire, rester ou partir. En route vers Nemitz, cet après-midi du 2 mars, nous croisons dans le village même, des civils dont le maire. Ils n’ont plus leur superbe et nous regardent passer de leurs yeux ternes et absents. Nous sommes gais, avec un léger sourire en pensant à notre avenir. Nous sommes là, 25 Français et quelques Ukrainiens, dont l’un âgé de 25 à 30 ans est accompagné de son épouse ukrainienne, elle aussi. L’un de nous arbore sur son sac un drapeau français. Nous avançons péniblement sous le poids de nos sacs, caisses ou valises, trimballant nos maigres richesses en victuailles et vêtements. Le jour tombe rapidement et il fait à peine clair quand nous débouchons, au sortir d’un bois, sur la grand’route qui conduit de Nemitz à Zanow et Roesling, villes importantes du kreis. Nous sommes accueillis par des rafales de mitraillettes qui nous mettent dans la réalité de la guerre. Heureusement qu’on ne tire pas sur nous, mais dans la nature, probablement pour nos mettre en garde et nous tenir en respect. Quelques uns d’entre nous lèvent les bras et nous voyons surgir trois soldats russes, mitraillette au poing, revêtus de leurs vestes fourrés et coiffés de leur bonnet à poils où brille, rouge, l’étoile soviétique.

Nous approchons du village, les Ukrainiens parlementent pour nous avec d’autres Russes, parmi lesquels il doit y avoir un chef. Je remarque chez eux une certaine sympathie. Nous traversons tout Nemitz, sans rencontrer un seul indigène, pour nous diriger vers l’arrière du front, précédés des Ukrainiens qui nous servent d’interprètes. La nuit tombant, nos fardeaux nous pèsent. Les épaules commencent à être meurtries, la route est longue. Dans un pré voisin, 3 chars ronronnent, camouflés derrière un petit bois. La nuit enveloppe maintenant de son sombre manteau toute la nature. A peine distingue-t-on la route. Nous arrivons à la lisière du bois, abritant les mastodontes ronflants. Quelques coups de fusil nous montrent que nous ne sommes pas seuls.

Notre petit groupe est arrêté. Les soldats qui viennent d’interrompre notre marche et nos pensées sur nos premiers instants de libération, hurlent, et nous nous demandons anxieusement ce qu’ils vont faire de nous. Ils commencent par emmener dans les bois l’Ukrainienne, devant son mari éberlué. Les soldats, sans doute en sentinelle, continuent leurs vociférations et d’autres coups de fusil et mitraillette retentissent. Ils tirent par terre, secouent les premiers de notre groupe et nous nous demandons avec stupeur s’ils ne vont pas nous mitrailler. Enfin, ils nous laissent continuer. Je vois encore, malgré la maigre clarté de la nuit, leurs mines patibulaires et leur air insatisfait de n’avoir pas fait de nous des cadavres.

Nous traversons le bois sans encombre et nous approchons d’un village où nous songeons à nous reposer. Dans les ténèbres nous nous dirigeons vers une grange. Tant bien que mal nous nous installons dans la paille. La nuit est fraîche et je mets longtemps à me réchauffer."





J'ai eu besoin ce week-end de ne pas ouvrir mon ordi et de me reposer. Un gros rhume, le boulot de conductrice, quelques cours particuliers, le sport font des semaines chargées, trop chargées...J'ai donc pris un mopment de repos. J'ai quatre ou cinq poésies en train sur mon bureau et la copie de ce document que je veux finir avant.

A bientôt sur vos blogs et bon début de semaine...

jeudi 16 octobre 2008

Libération mars 1945 (2)


Je viens de taper la suite de ce document... J'ai localisé l'endroit où il était, presque à la frontière de l'enclave de Kaliningrad et de la Bielorussie et de la Lituanie! En rouge, j'ai marqué quelques batailles napoléoniennes...



"Voici des avions dont le ronronnement ne m’est pas familier ; ce sont des avions de combat russes. Ils nous survolent très bas, en mitraillant la colonne de réfugiés et de soldats en retraite. Je me réfugie dans le fossé. Je me relève après leur passage et regagne mon kommando. Des maisons d’Altviek flambent, comme d’autres flambent dans les villages des alentours. Où sont les soldats allemands ? Il y en a quelques uns de mélangés aux réfugiés. Qui résistera sur la ligne de défense ? Personne

On n’en voit nulle part de ces valeureux allemands ; si avec les réfugiés, pâles, défaits, la lèvre pendante, tirant une carriole où est posé leur sac. Ils n’ont plus d’armes. D’où viennent- ils ? Plusieurs camions, remplis de matériel hétéroclite, doublent la colonne bien disparate, qui avance lentement. Un prisonnier anglais me salue. Il a le sourire. Il ouvre une boite métallique, plate, où dans un tas de mégots nage une cigarette anglaise. Il me l’offre gentiment et continue son voyage, le cœur léger, il sent la victoire proche.

Je rentre au kommando. Ce ne sont que discussions, sur notre prochaine délivrance. Des nazis S.A. viennent pour nous dire de les suivre, car les Russes sont près du village, à quelques kilomètres. Ils fuient, les pleutres, en emportant tout, principalement les vivres des travailleurs ukrainiens, polonais qui, un à un, quittent le village, rejoignant à travers bois et champs, les libérateurs. Un jeune russe, instituteur, vient au kommando. Il est joyeux et nous parle déjà de vengeance, de représailles. Il nous raconte que les Allemands les prennent pour des chiens, des bêtes, des sauvages, qu’ils veulent les exterminer.

Les civils allemands du village vivent dans la terreur. Ils ont peur des Russes et ils ne se rendent pas compte de ce qu’il va leur arriver. Les Russes sont à Nemitz, à 2 kilomètres, et le soir, arrive un rescapé du village ; il s’est enfui à travers champ et la forêt. Il raconte ce que les Russes ont fait au village. Ils ont occupé toutes les maisons en les chassant, en pillant, en brisant tout. Ils ont rassemblé hommes, femmes et enfants, fait un tri des valides et des invalides. Les jeunes filles, garçons et hommes reconnus valides ont été mis et colonne et, sans adieux, dirigés vers l’arrière du front, à pied. On entend le canon, des mitraillettes, des coups de feu isolés. 9 soldats allemands ont été vus dans la campagne. La scierie, à mi chemin de Nemitz est en flamme. Les habitants ont fui. Sur la ligne de défense, pas âme qui vive. Le village est apeuré. Les S.A. sont partis se faire pendre ailleurs. Les Russes investissent Koeslin. Le train d’Allemands en déroute est toujours en gare d’Altviek. Il ne passera pas. Et nous songions à « Chapeau Mou », l’ingénieur qui prenait un autre train, lui aussi immobilisé. Tout l’hiver, il nous en faisait baver sur les chantiers. Lui aussi abandonne ses ouvriers. Notre contremaître qui ces derniers jours chantait l’ »Internationale » avec les travailleurs étrangers, est parti lui aussi. Je le vois, petit, tête carrée, les mains dans sa canadienne râpée, le visage aux chairs pendantes, avec de petits yeux d’acier, jurer, rouspéter conte le régime qui, à son avis, il n’avait jamais pu supporter, ses « Heil Hitler ! » étaient forcés, mais on y sentait l’ironie. Il ne nous pressait pas au travail et nous aidait à allumer de grands feux auprès desquels nous passions de longues heures. Quand l’ingénieur arrivait on s’égayait tous, pour y revenir dès qu’il était parti. Le contremaître nous voyait quand on cassait les outils volontairement, ou qu’on les enterrait. Il en souriait même. Avec lui, au moins, on pouvait saboter sans trop de mal et nos conversations il les soutenait. Dans le fond, il était Allemand, Poméranien, et je me souviens d’avoir vu luire des larmes dans ses yeux en pensant au désastre de son pays. Etant donné l’avance russe, la débandade des armées hitlériennes, l’angoisse de la population civile, qui ne savait plus où mettre la croix gammée, nous décidions le soir même de rester au kommando et d’attendre nos libérateurs."





Une grosse journée hier qui m'a laissée hs...j'ai préféré ne pas ouvrir mon ordinateur pour me coucher tôt et me remettre un peu; j'ai encore quelques bribes de la dernière grippe... Je vais venir vous voir avant ce soir...

mardi 14 octobre 2008

Libération mars 1945 (1)

Lors de mon dernier séjour, j'ai découvert un document dactylographié de quatre pages, émouvant pour moi, car écrit par mon papa. C'est la transcription d'un brouillon, non corrigé, conservé depuis sa captivité et sa libération par l'armée soviétique le 2 mars 1945.


Je vous le livre en plusieurs épisodes.




Mes derniers jours de captivité et ma libération par les Russes le 2 mars 1945

28 février 1945

Tout le kommando de Martinshagen est en gare d’Altviek.

Nous nous trouvons une centaine de travailleurs : Polonais, Ukrainiens, Ukrainiennes, Russes, aux habits loqueteux. Tout ce monde est aux ordres de contremaîtres allemands à la parole hargneuse et méchante. Deux ingénieurs sont là, chapeau mou et pardessus au col relevé, mains dans les poches. Ils donnent des ordres. Des insultes pleuvent sur les malheureux travailleurs qui se tournent vers leurs maîtres, souriant à toutes ces invectives méchantes.

L’armée rouge se trouve à 25 kilomètres des lignes de défenses poméraniennes, construites en hâte, le Volksturm, les déportés et prisonniers de tous pays. Cette ligne de défense passe à Altviek, Martinshagen où se trouve notre kommando, Nemitz à deux kilomètres de Martinshagen. Que faisons –nous alors que les armées russes avancent victorieusement sur tous les fronts ? Nous élargissons la gare d’Altviek, en plaçant à toute hâte de nouvelles voies. En gare, un train de blessés, provenant de Prusse Orientale. Surgit un jeune soldat en feldgrau. Il parle français ; il s’approche de nous : stupeur ! C’est un français ! Notre cœur se serre ; il a 16 ans, il a quitté sa famille à Lille, pour s’engager dans la Légion des Volontaires Français, contre le bolchevisme. Il vient du combat, et, maintenant il se sauve avec ses maîtres, devant la poussée des Russes. Il nous offre des cigarettes ; nous n’en voulons pas. Nous lui crions notre honte, notre haine ; il reste dans son wagon. Le courage ne nous tue pas et un à un, nous nous éclipsons et nous rentrons au kommando. Les Allemands ont d’autres pensées, ils ne songent plus à nous. Les Polonais, les Ukrainiens, comme nous, quittent le chantier. Les contremaîtres jurent, mais ils n’ont plus la hargne dominatrice d’il y a quelques mois. A mon tour, je quitte le chantier et je pars seul sur la route de Martinshagen, route où, sans interruption circulent des chars recouverts de bâches, tirés par deux chevaux, emplis de réfugiés prussiens. Des prisonniers français sont avec leur patron, et, la plupart sont « chef de famille », les patrons mobilisés étant au combat. Ils vont vers l’Ouest, mais passeront-ils ? car les armées russes tentent d’encercler la Poméranie, en approchant de Stargard et de Stettin.



Grosse journée aujourd'hui et pas mal de kilomètres au compteur...J'ai dégotté une carte de la Pologne et de l'endroit où il était en captivité.Je suis fière de lui, de ce qu'il a fait, de ce qu'il a écrit. Et je vous le livre.

Passez une douce soirée!

lundi 13 octobre 2008

Sérénissime


Je reviendrai un jour sillonner la lagune,

Ses eaux tumultueuses recouvertes de brumes,

Ses palais prestigieux, s’estompant à la brune,

Mystérieuse cité, que la magie consume.


Le Doge et ses prisons n’inquiète plus personne ;

Les voiles du Levant cessent d ‘épouvanter.

Quand viennent les frimas, qu’un brouillard capuchonne

Les toits et les coupoles te voilà éloquente.


Tes ruelles suintent l’amour et les plaisirs.

Les amoureux transis frissonnent du bonheur

Un soir de carnaval sur le pont des soupirs.


Lorsque seront comptés mes jours de solitude

Tu me verras, Venise, au bras de mon Seigneur

Partager ma ferveur et ma béatitude.







De retour dans mes pénates, au moment de ma coupure... Venise m'inspire ce sonnet; je rêve d'y retourner en ce moment. Des photos à faire, des images à me mettre plein les yeux, des sensations à retrouver et tant d'endroits que je n'ai pas pu découvrir les fois où j'y suis allée.
Bon début de semaine lecteur.

jeudi 9 octobre 2008

nouveau départ



L'église des Réformées, vue dans mon rétroviseur...

Quelques bonnes nouvelles d'abord...Visite médicale d'embauche demain matin;
Je signe mon C.D.I. demain matin, enfin non, il est déjà signé, mais je le remets à mon patron demain matin; j'intègre donc cette boite.

Enfin si elle me lit, j'irai peut être manger mon sandwich chez Petite Mary demain midi, enfin, si elle veut bien de moi!

Et puis comme je vous le disais en titre, je reprends la route pour la Lozère demain après-midi pour aller passer le week-end auprès de ma maman. Sa sortie de la maison de repos est prévue pour mardi qui vient. Mais samedi elle aura droit à une permission pour la journée.



Je passe devant la Sainte Victoire pendant mon boulot. On comprend pourquoi les peintres s'y sont intéressé.


Pour ma part, je vous souhaite à tous une excellente fin de semaine.
J'ai une pensée particulière pour Rosie, pour sa soeur Solange.

Retour dimanche soir...

mardi 7 octobre 2008

psychose



Allez découvrir cet artiste

ici


Les enfants que je conduis à leur IME(Institut Médico Educatif) sont psychotiques. J'ai le temps de les observer du coin de l'oeil, lorsque je les vois dans mon rétroviseur. Dans ma jeunesse j'avais commencé l'école d'Educateurs de Montpellier avant de rentrer à l'Education nationale. Je vivais aussi dans un département quia fait beaucoup pour les handicapés mentaux. Je veux saluer ici la mémoire de l'Abbé Oziol, fondateur du "Clos du Nid" et regretter que la ville de Marvejols n'ai pas encore pensé à donner le nom d'une rue ou d'une place à un tel homme.


Quatre mots décousus

Qui reviennent en rengaine

Coulent comme fontaine

Sur la vasque moussue.



Avec ton cri primal

Tu délivres la bête

Qui loge dans ta tête

Et qui te fait si mal.



Quel monde singulier

Ton grand regard candide

Explore-t-il lucide

Alors qu’il t’a spolié ?



Te rendra-t-il un jour

La paix que veut ton âme

Et le peu qu’on réclame

Quand on vit sans amour ?


Bonne soirée lecteur et sois remercié de tes visites et des commentaires que tu déposes.





Psychose d'Alfred Hitchcock (1960)

lundi 6 octobre 2008

Saxo voile



J'ai toujours mon petit appareil numérique avec moi sur le siège avant. A un feu rouge, sur la corniche Kennedy, le 21 septembre, au matin, j'ai même pu assister à la fois à une régate et à un bout de concert.

Pendant mes transports VSL je passe aussi par là les lundi matins et vendredi après-midis.
Je passe devant tant et tant de monuments qu'à l'occasion, sans prendre de risque, je vous en montrerai quelques uns.

N'empêche! Elle n'est pas belle la vie chez moi! et en plus y ' a plein de beaux mecs. Prenez mon copain David par exemple...


Douce nuit et belle journée lecteur!

dimanche 5 octobre 2008

inconstance






Notre Dame de Paris :l'inconstance

Un lien qui plaira à Ariaga...

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A la constance d'hier, voici de l'inconstance. Vous allez penser que je ne sais pas ce que je veux...
Les quatre premiers vers ont été écrits voici quelques temps et en remettant la main dessus j'ai poursuivi.

Inconstance


Nous en aurons connu des princes des ténèbres,
Des chevaliers errants à la passion célèbre,
Qui le jour, et la nuit, soldent leurs sentiments
Pour les voir au matin, s'enfuir avec le vent...

Nous qui étions au fait des affaires du cœur,
Nous qui savions freiner leurs pressentes ardeurs,
Qui prétendions pouvoir blaser leur appétit,
N’étions entre leurs mains qu’ingénues apprenties.

Ils arrivaient un soir, franchissant la venelle,
Plantant des banderilles au fond de nos prunelles
Et nos corps éreintés par leur empressement
Se voyaient, au matin, dans le délaissement.

Et pourtant, l’on voudrait, que le vent nous ramène,
Semblables aux chansons qui reviennent en rengaine,
Les soupirants languides aux regards envoûtants
Qui ont donné du sens quand nous avions vingt ans.





Belle soirée lecteur et surtout bon début de semaine. La mienne me verra repartir vendredi sur la Lozère. Ma maman sort de la maison de repos et rentre chez elle.Voici deux mois qu'elle a quitté sa maison... Et vendredi matin, je passe ma visite médicale d'embauche...






jeudi 2 octobre 2008

Constance

A voir comment vivent certains de nos anciens, loin de leurs enfants, isolés dans leur solitude, avant de finir en maison de retraite où leur vie n'a plus aucun sens,je vous laisse quelques mots ici


Habillée de pelisses aux couleurs de l’automne,

Quand mes heures s’égrènent inexorablement,

Je me nomme Constance, octroyant par aumône,

Les instants de bonheur que me donnent les ans.


J’aspire à dépenser des trésors de tendresse,

A jeter à l’envie des sourires enjoués,

Faire oublier les maux qu’apporte la vieillesse

Et de la solitude où elle a échoué.


Je me nomme Constance, vivant d’obstination,

Cueillant de mes deux mains les guirlandes d’étoiles,

Pour éclairer d’espoir leurs veillées d’affliction,

Quand la peur de la nuit dans leur cœur se dévoile.


J’habillerai mes mots d’indulgente affection,

Pour enduire leur peau rongée par les tourments,

D’un baume délicat, secrétant l’émotion,

Pour apaiser leur âme, au tout dernier moment.




Bonne soirée à toi lecteur et sache donner un sourire, un bonjour quand tu en croiseras un.

mercredi 1 octobre 2008

andouille et andouillette

Depuis son plus jeune âge, sans défaillir un jour,

Riton aimait les oies, en rillettes, en pâtés.

Il devint apprenti –charcutier, à Cabourg,

Conduisant son fantasme à la réalité.


Ah ! Il fallait le voir, pantalon à carreaux,

Tablier maculé du sang des palmipèdes

Affûtant à la meule le tranchant du couteau

Pareil au possédé que la démence obsède.


Facétieuse Henriette, empâtée par les ans,

Oiselle le matin et bécasse le soir

Fut un jour subjuguée devant une andouillette

Elle traqua sans trêve le divin artisan.


Ils se mirent un jour pourtant la bague au doigt

Mais qui de l’un ou l’autre tomba dans le panneau ?

Cupide elle vendit sa recette à Troyes

Alors pour se venger il la mit aux fourneaux.


Enfin une connexion qui se tient... je vais enfin gagner en vitesse et en temps. A demain de venir vous lire!