Josephine aimait beaucoup les enfants...les siens étaient grands à présent; mais elle était arrière grand-mère et ses arrières-petits- fils lui amenaient souvent leurs copains à la sortie de l'école. Ce qui les faisait venir aussi c'était le goyavier qui faisait de l'ombre sur la droite de sa terrasse. Il était à cette époque de l'année chargé de fruits.
Les adultes , l'eau à mi- cuisse, la lance levée scrutaient l'eau pour y apercevoir les poissons endormis, sans réaction. Puis d'un geste précis, le bras se détendait et la lance partait, plongeant dans l'eau brunâtre du fleuve; Et il la ressortait avec au bout,un gros poisson. Les petits poissons eux, complètement endormis par le jus empoissonné, dérivaient avec le courant vers les filets qu'avaient tendus les femmes.
D'autres s'exerçaient à l'arc;le plus dur restant pour eux de repérer le poisson.
La pêche terminée, les pirogues descendirent le fleuve pour rejoindre le village. Tous les visages étaient souriants, car elle avait été bonne;il fallait maintenant songer à conserver tout ces poissons. Un feu avait été préparé par les vieilles femmes du village et elles installaient les poissons sur des feuillages au-dessus de chaque foyer, pour les mettre à sécher et à fumer.
Chacun se dirigeait vers le carbet cuisine pour y récupérer un peu de nourriture. La nuit allait venir; il fallait que chacun rentre chez lui; le coeur de Kulinaïlu se pinça lorsqu'elle vit partir le canot d'Ulu. Ce matin là, d'aval ou d'amont de la rivière, les canots arrivaient, déchargeant les hommes, les femmes et les enfants et même les chiens.

Les vieilles femmes mettaient la dernière main à la confection du cachiri. Des centaines de litres allaient être bus pendant ces quelques jours; peu à peu les yeux des hommes et des femmes s'injecteraient de sang mais rien ni personne ne pourrait arrêter cette beuverie, jusqu'à ce que le dernier faitout soit vide.
bonne soirée lecteur...et bon début de week-end surtout. Que le soleil soit généreux et annonciateur enfin de l'été...