Une recherche faite ce jour pour répondre à un courrier de Guy.
Je vous avais déjà parlé de la plage des Catalans. En voici l'histoire, d'après quatre sources, dont une que j'ai laissée en Provençal.
« En 1423 les Catalans d'Alphonse V mettent la ville à sac et emporte comme trophée la chaine qui, jusque-là, fermait le port tous les soirs. Cette chaîne était tendue à l'entrée du port entre la tour Maubert au nord et la tour Saint-Nicolas au sud. Elle est aujourd'hui visible sur les murs de la cathédrale de Valence en Espagne. Le roi René soucieux de la défense du port, fait édifier en 1447 sur les restes de la tour Maubert , la tour carrée de Saint-Jean. »
http://www.marseille-ancienne.fr/geo_vieux-port.php
Cette image est une des plus vieilles images de Marseille. Elle est tirée du Supplementi Chronicarum, écrit en 1485, par Jacques-Philippe Foresti de Bergame.
« Le 23 novembre 1423, 18 galères aragonaises vinrent se poster à l’entrée du Lacydon et, la nuit, attaquèrent vigoureusement la tour St Jean, qui résista victorieusement. Elle fut incendiée mais ses défenseurs opposèrent une vaillante résistance. Les bateaux marseillais postés à la chaîne du port tenaient bon contre les assiégeants mais une partie de ceux-ci débarqua à la Réserve et, par le rivage parvint à tourner les défenseurs. Alors les Marseillais furent obligés de reculer ; la chaîne tomba, les Aragonais entrèrent dans le port et débarquèrent sur les quais les équipages avides de pillage. Les assiégés se battirent comme ils purent. Ceux qui étaient réfugiés dans les maisons faisaient voler par les fenêtres des pierres et des pièces de bois sur les assaillants. Enfin, l’incendie vint mettre fin à ce sinistre tableau. Le vent soufflant, les flammes se propagèrent avec une rapidité effrayante. Bientôt la ville ne fut plus qu’un brasier. Pendant trois jours, ce fut une mise à sac générale.
Le roi épargna seulement les femmes qui s’étaient réfugiées dans les églises et leur permit de s’éloigner et d’emporter ce qu’elles avaient pu sauver. Tout fut saccagé, à l’exception de l’abbaye de Saint Victor, préservée par ses hautes murailles et la vigueur de sa résistance.
Puis le roi partit, emportant comme trophées les reliques de Saint Louis, les chaînes du port et une partie des archives. »
Histoire Marseille par Marius Dubois, Paul Gaffarel et JB Samat (Edition 1928 de la ville de Marseille pour les élèves de ses écoles)
« Et primo, l'an 1423 et lo jort 24 de novembre, que fon jort dissate, la vigilla de Sancta Catharina, fon destrucha la cieutat de Marseilha, et aquo per lo rey Alphonso, rey d’Aragon; et per aquel tenpus conte de Provenso et segnor de Marssilha ero lo rey Loys III, fraire del rey Raynier, de la casso d'Ango; et en aquello destruction fon raubat lo cap de Sanct Loys et portat en Valenci la Grant » (HISTOIRE JOURNALIERE D'HONORAT DE VALBELLE 1498-1539)
Cette image est une des plus vieilles images de Marseille. Elle est tirée du Supplementi Chronicarum, écrit en 1485, par Jacques-Philippe Foresti de Bergame.
[1423] D'ANTONIO MOROSINI
"Au cours de l'an 1 423, le 24 novembre.
Nous apprîmes que la flotte catalane du roi d'Aragon était partie du royaume de Naples, de Fouille, avec 18 galères et 121 coques, le roi laissant son frère, pour gouverner la Fouille,
dans le château de l'Oeuf, accompagné d'une nombreuse gent. Arrivée à Forto Fiombino,
ladite flotte sut que cinq galères de Provence, appartenant au roi Louis, étaient tombées là
pour aller à Gênes se joindre à la flotte des Génois et du seigneur duc de Milan ; elle les
manqua de vingt- deux heures et, après avoir levé l'ancre de ce port, les galères catalanes
allèrent à Marseille et s'en emparèrent sans rencontrer ni obstacle ni résistance, la
pillèrent, la prirent et mirent à sac tout le faubourg, la ville, le port, outrageant beaucoup
de dames et d'autres femmes, enlevant même beaucoup de corps saints, parmi lesquels il y avait le corps de sainte Marie-Madeleine et celui de saint Maximin, ainsi que beaucoup d'autres reliques, dévastant beaucoup de couvents de religieuses et s'en retournant ensuite à Majorque. Pour ces méfaits croit-on de ferme espérance que Dieu leur fera expier l'entreprise qu'ils ont faite sur ces deux cités défaites, la Fouille et ladite Marseille.
Pour la présente année 1423, le 14 du mois de février, grâces à Dieu, on mit à l'encan cinq
galères du gros tonnage usité pour le voyage de Flandre, trois pour Londres et deux pour
Bruges, à destination de l'Écluse, de 4210 à 430 bottes, sans aller pour cette fois en Sicile
et à Majorque, mais en dehors de cette route, à cause de la discorde et guerre entre les
Génois, dont la flotte tenait déjà la mer, et les Catalans ; ces galères furent mises
publiquement à l'encan [pour être adjugées] au dernier enchérisseur.
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Cet extrait se rapporte au sac célèbre de Marseille, exécuté en novembre 1423 par la flotte aragonaise, rentrant de Naples en Espagne à la suite des récents évènements de Naples.
Ce sac de Marseille représente un évènement exclusivement français, dont le récit, quoique tenant à des faits de l'histoire napolitaine, n'a pas paru pouvoir être distrait de cette édition.
Louis III, duc d'Anjou, comte de Provence, alors âgé de dix-sept ans à peine, héritier des droits de son père, Louis II, mort en 1417, sur le royaume de Naples, a repris en personne contre Jeanne II, en 1420, à l'instigation du pape Martin V, l'entreprise abandonnée par son père en 1411 : depuis l'été de 1420, le puissant condottiere Attendolo Sforza, devenu grand-connétable de Naples sous la reine Jeanne, puis passé dans le parti des ducs d'Anjou, menace sérieusement, au nom du prince français, les approches de Naples.
— Jeanne II, qui cherche partout à présent, non plus un époux pour remplacer Jacques de Bourbon en fuite et rentré en France, mais un héritier adoptif, Jeanne II, qui vient d'essayer de négocier avec Henry V l'adoption du duc de Bedford (Rymer, Fœdera, 28 février, 12 mars 1419, 15 mars 1420), qu'auparavant elle avait cherché à prendre comme mari (ci-dessus, p. 16, n. 2), se décide, à bout de ressources, à prendre pour soutien de son trône le représentant des ennemis héréditaires de sa maison depuis les Vêpres siciliennes, le roi d'Aragon et de Sicile Alphonse V, alors sorti de ses Etats pour guerroyer contre les possessions génoises de Corse. La reine l'a créé son héritier, appelé à Naples, où il s'installe avec Braccio da Montone, l'entrepreneur de guerre rivai de Sforza, pour grand-connétable et pour défenseur du nouveau système, la paix étant conclue définitivement par la couronne de Naples avec la papauté issue des conciles et enfin rentrée à Rome (1420-1421).
— Mais, brouillée bientôt avec son nouvel héritier aragonais, en guerre ouverte avec lui depuis la dramatique journée du 22 mai 1423, depuis l'arrestation du grand-sénéchal Giovanni Caracciolo, successeur du favori Pandolfello Alopo, la reine, réfugiée de Naples à Aversa, révoquant sa première adoption, a désigné pour son héritier définitif Louis III d'Anjou, qui n'a pas quitté l'Italie et se tient en station d'attente à Rome. — Depuis juin 1423, la reine, Louis III, avec Sforza pour chef de leurs forces, d'Aversa pour capitale, menacent Naples, demeurée avec tous ses châteaux aux mains des Aragonais, qui s'y maintiennent avec les forces de Braccio, persistant soutien du roi d'Aragon, la flotte aragonaise restant seule maîtresse incontestée de la mer et ravageant tout le littoral de Gaëte à Capri.
[Diario, nouvelles arrivant entre le l er et le 8 juillet, lettre du 19 juillet, nouvelles arrivant entre le 8 et le 10 octobre, ms., fol. 399 b, 400 a, 402 a.)
Alphonse V, rappelé en Espagne par de graves affaires intérieures, a quitté la baie de Naples
avec toute sa flotte, le 15 octobre 1423. (Diarii NapoL, col. 1090.) Sa destination apparente est
la côte de Catalogne, mais on va le voir, par un détour calculé, descendre au passage à Marseille
et saccager le grand arsenal maritime de son rival.
« Napoly de Puia ». — « Naples de Pouille. » L'expression employée ici pour désigner Naples et la distinguer de Naples de Romanie et de Naples de Malvoisie, en Morée, doit s'entendre naturellement « Naples du royaume de Pouille ». (Ci- dessus, p. 16, n. 3.) — La Pouille se trouve précisément à l'opposé de la baie de Naples, le long de l'Adriatique. — C'est « Naples de Campanie », géographiquement, qu'il conviendrait de dire.
Le prince aragonais laissé à Naples était D. Pedro, le plus jeune frère d'Alphonse V.
(Çurita, Anales de la corona de Aragod, 1. XIII, ch. XXII.)
Le château de l'Oeuf, dont la position bien connue, sur un rocher de la baie de Naples,
commande la ville et l'entrée du port.
Ce n'est pas seulement le château de l'Oeuf, mais toute la ville de Naples qu'Alphonse V laissait
en possession de son frère. La ville ne devait tomber au pouvoir de Jeanne II et de Louis III que
plusieurs mois plus tard, en avril 1424, sous l'effort d'une flotte géno-milanaise, soutien décisif du
prince d'Anjou. Mais, en dépit de l'occupation de Naples, en dépit du triomphe définitif de Jeanne
II et de Louis III, consacré par la victoire d'Aquila, remportée le 2 juin 1424 sur les dernières
forces aragonaises de l'intérieur, les deux forteresses napolitaines du château de l'Oeuf, en mer,
et du château Neuf, à terre et sur le port même, demeurent encore plusieurs années aux mains
des Aragonais. Le prince D. Pedro s'y maintient de sa personne jusqu'au 9 juillet 1424, où une
flotte aragonaise vient le prendre et le ramener dans les Etats de son frère.
[Diario, ad diem 26 juillet 1424, ms., fol. 412 b.)
Les deux châteaux paraissent encore au pouvoir des Aragonais à la fin de 1426, où une lettre de
Florence, parvenue à Venise le 10 octobre, relate l'apparition d'une flotte catalane devant Naples
pour y renforcer les garnisons du château de l'Oeuf et du château Neuf.
[Diario, ad diem 10 octobre, ms., fol. 453 b.)
. Piombino, en face l'île d'Elbe, alors souveraineté des Appiano, anciens maîtres de Pise avant les Gambacorta.
Gênes, passée sous la domination milanaise depuis la révolution du 2 novembre 1421, soutient
alors contre Alphonse V une violente guerre maritime dont l'origine remonte à 1420, au temps de l'expédition du roi d'Aragon en Sardaigne et en Corse, expédition continuée depuis à Naples et
sur les côtes de la mer Tyrrhénienne. Gênes, naguère , n'avait soutenu Louis II contre Ladislas
que sous la pression de la domination française, pendant les derniers mois du gouvernement de
Boucicaut, et seulement sous l'énergique impulsion de celui-ci : Gênes, rendue à elle-même par
la révolution de septembre 1409, avait immédiatement pris le parti de Ladislas contre le prince
français : Gênes, à présent, par jeu d'intérêts en cause, soutient le fils de Louis II, adopté par la
sœur de Ladislas. — La paix du duc de Milan, souverain de Gênes, avec le roi d'Aragon, ne doit
être signée que par le traité du 19 mars 142G. (Osio, Doc. diplom., t. II, n" 105.)
Faille. Inc. fol. 405 a.
Parti de Naples le 15 octobre 1423 avec toute sa flotte [Diarii NapoL, col. 190), le roi d'Aragon,
ayant fait route par Gaëte, les îles de Ponza, où galères et voiliers se disjoignent
[Çurita, 1. XIII, ch. xxii), par Piombino, ainsi que le mentionne ici Morosini avec un renseignement intéressant, puis par Pise et Nice, est parvenu avec ses galères à l'île de Pomègue, en face de Marseille, et y a été presque immédiatement rejoint par ses voiliers. [Çurita, ibid.) Le lendemain, les défenses du port de Marseille, attaquées par mer et à revers, sont enlevées après un combat acharné continué en pleine nuit. [Çurita, ibid.) Le sac de la ville se prolonge trois jours, au milieu de scènes de désordre indescriptible; les envahisseurs ne se retirent que devant un
rassemblement de forces provençales accourues de toute la région environnante.
(Bouche, Hist. de Provence, t. II, p. 446.) — Les chroniques aragonaises, sans spécifier la durée
de l'occupation, assignent à la prise du port la date du samedi 19 novembre
. [Çurita, 1. XIII, ch. xxii.) La date du 24 novembre, sous laquelle le fait est enregistré dans le
Diario, ainsi que le porte cet extrait, veut-elle signifier, comme d'ordinaire, la date de réception de la nouvelle, ou bien, par exception assez rare, la date de l'événement même ? Dans le manuscrit, tout le passage est inscrit entre les dates du 19 novembre, qui précède, et du 15 décembre, qui suit.
S'il faut admettre que cette date du 24 représente l'arrivée de la nouvelle à Venise, comprenant,
non seulement mention du sac de Marseille, mais en outre mention du départ de la flotte après
quelques jours d'occupation, on devrait peut-être avancer sensiblement l'époque admise jusqu'ici
pour la prise de Marseille par la flotte aragonaise en 1423.
La flotte aragonaise emportait en effet, d'après toutes les annales courantes, nombre de reliques
, et, entre autres, le corps de saint Louis d'Anjou, évêque de Toulouse, mort en 1297, l'un des fils
du roi de Naples Charles II d'Anjou ; ce corps vénéré était conservé au couvent des Cordeliers de
Marseille, édifice situé hors de l'enceinte de la ville, détruit au début du XVI ème siècle. Au lieu de l'enlèvement de cette relique, dont le rapt ainsi opéré eut un retentissement considérable dans toute la Provence et la Catalogne, Morosini, dans ce passage, fait emporter aux Aragonais les corps de sainte Marie- Madeleine, la pénitente légendaire de la Sainte-Baume, et de saint
Maximin, le premier évêque traditionnel d'Aix, tous deux conservés, selon la version provençale, à Saint-Maximin, à plus de dix lieues de Marseille, où ces reliques étaient l'objet d'un culte spécial depuis les mesures prises par les princes de la maison d'Anjou, comtes de Provence, en
1279-1281. La mention de Morosini, comme on s'en rend compte, est donc inadmissible. La
flotte aragonaise, dont le départ de Marseille est difficile à préciser, se retrouve le 1er
décembre sur la côte catalane, au port de Palamos, à l'ouverture du golfe de Rosas, puis le
9 à Barcelone, et gagne ensuite Valence. [Çurita, 1. XIII, ch. xxii). C'est dans la cathédrale de
Valence qu'est déposé le corps de saint Louis d'Anjou, avec la chaîne de défense du port de
Marseille, enlevée par les galères catalanes, trophée qui s'y voit encore aujourd'hui,
Allusion aux ravages exercés par la flotte aragonaise sur le littoral du royaume de Naples, de juin
à octobre, depuis la révocation de l'adoption d'Alphonse V et la désignation de Louis III comme
héritier de Jeanne II. [Diario, entre le 1er et le 8 juillet, lettre du 19 juillet, entre 8 et 10 octobre,
ms., ] fol. 399 b, 400a, 402 a.) "
Bonne soirée à toi lecteur...