
Je viens de taper la suite de ce document... J'ai localisé l'endroit où il était, presque à la frontière de l'enclave de Kaliningrad et de la Bielorussie et de la Lituanie! En rouge, j'ai marqué quelques batailles napoléoniennes...

"Voici des avions dont le ronronnement ne m’est pas familier ; ce sont des avions de combat russes. Ils nous survolent très bas, en mitraillant la colonne de réfugiés et de soldats en retraite. Je me réfugie dans le fossé. Je me relève après leur passage et regagne mon kommando. Des maisons d’Altviek flambent, comme d’autres flambent dans les villages des alentours. Où sont les soldats allemands ? Il y en a quelques uns de mélangés aux réfugiés. Qui résistera sur la ligne de défense ? Personne
On n’en voit nulle part de ces valeureux allemands ; si avec les réfugiés, pâles, défaits, la lèvre pendante, tirant une carriole où est posé leur sac. Ils n’ont plus d’armes. D’où viennent- ils ? Plusieurs camions, remplis de matériel hétéroclite, doublent la colonne bien disparate, qui avance lentement. Un prisonnier anglais me salue. Il a le sourire. Il ouvre une boite métallique, plate, où dans un tas de mégots nage une cigarette anglaise. Il me l’offre gentiment et continue son voyage, le cœur léger, il sent la victoire proche.
Je rentre au kommando. Ce ne sont que discussions, sur notre prochaine délivrance. Des nazis S.A. viennent pour nous dire de les suivre, car les Russes sont près du village, à quelques kilomètres. Ils fuient, les pleutres, en emportant tout, principalement les vivres des travailleurs ukrainiens, polonais qui, un à un, quittent le village, rejoignant à travers bois et champs, les libérateurs. Un jeune russe, instituteur, vient au kommando. Il est joyeux et nous parle déjà de vengeance, de représailles. Il nous raconte que les Allemands les prennent pour des chiens, des bêtes, des sauvages, qu’ils veulent les exterminer.
Les civils allemands du village vivent dans la terreur. Ils ont peur des Russes et ils ne se rendent pas compte de ce qu’il va leur arriver. Les Russes sont à Nemitz, à 2 kilomètres, et le soir, arrive un rescapé du village ; il s’est enfui à travers champ et la forêt. Il raconte ce que les Russes ont fait au village. Ils ont occupé toutes les maisons en les chassant, en pillant, en brisant tout. Ils ont rassemblé hommes, femmes et enfants, fait un tri des valides et des invalides. Les jeunes filles, garçons et hommes reconnus valides ont été mis et colonne et, sans adieux, dirigés vers l’arrière du front, à pied. On entend le canon, des mitraillettes, des coups de feu isolés. 9 soldats allemands ont été vus dans la campagne. La scierie, à mi chemin de Nemitz est en flamme. Les habitants ont fui. Sur la ligne de défense, pas âme qui vive. Le village est apeuré. Les S.A. sont partis se faire pendre ailleurs. Les Russes investissent Koeslin. Le train d’Allemands en déroute est toujours en gare d’Altviek. Il ne passera pas. Et nous songions à « Chapeau Mou », l’ingénieur qui prenait un autre train, lui aussi immobilisé. Tout l’hiver, il nous en faisait baver sur les chantiers. Lui aussi abandonne ses ouvriers. Notre contremaître qui ces derniers jours chantait l’ »Internationale » avec les travailleurs étrangers, est parti lui aussi. Je le vois, petit, tête carrée, les mains dans sa canadienne râpée, le visage aux chairs pendantes, avec de petits yeux d’acier, jurer, rouspéter conte le régime qui, à son avis, il n’avait jamais pu supporter, ses « Heil Hitler ! » étaient forcés, mais on y sentait l’ironie. Il ne nous pressait pas au travail et nous aidait à allumer de grands feux auprès desquels nous passions de longues heures. Quand l’ingénieur arrivait on s’égayait tous, pour y revenir dès qu’il était parti. Le contremaître nous voyait quand on cassait les outils volontairement, ou qu’on les enterrait. Il en souriait même. Avec lui, au moins, on pouvait saboter sans trop de mal et nos conversations il les soutenait. Dans le fond, il était Allemand, Poméranien, et je me souviens d’avoir vu luire des larmes dans ses yeux en pensant au désastre de son pays. Etant donné l’avance russe, la débandade des armées hitlériennes, l’angoisse de la population civile, qui ne savait plus où mettre la croix gammée, nous décidions le soir même de rester au kommando et d’attendre nos libérateurs."
Une grosse journée hier qui m'a laissée hs...j'ai préféré ne pas ouvrir mon ordinateur pour me coucher tôt et me remettre un peu; j'ai encore quelques bribes de la dernière grippe... Je vais venir vous voir avant ce soir...