mardi 13 mai 2008

Comme chaque soir, je retournais m'asseoir sous la tonnelle de la petite maison au toit en bardeaux. Elle était là à m'attendre. Elle savait que je viendrais jusqu'à ce que l'histoire se termine . Ce soir, elle avait préparé un punch traditionnel, vous savez,avec le coeur de chauffe comme il l'appelle ici.

Il était important de se reposer tant la chaleur était grande. Elles s'installèrent chacune dans un hamac et prirent le coton qu'elles filèrent pendant le temps de la sieste.


Elles tenaient une canette en bois, sorte de petite toupie percée qu'elles roulaient sur la cuisse, torsadant le coton pour en faire un fil très mince mais très résistant.


"-Kulinaïlu, viens m'aider!" dit sa maman...
Toutes les deux, se dirigèrent vers le carbet-cuisine.

Dans un premier temps, elles épluchèrent la racine de manioc. Puis elles la râpèrent, sur un égrugeoir. Déjà une grande quantité de jus s'écoulait... il faut te dire lecteur que ce liquide est très nocif; il peut tuer un petit animal qui en boirait.

Après, elles disposèrent le manioc râpé dans une longue couleuvre tressée, qu'elles tassèrent bien. Ensuite, elles disposèrent une grosse pierre lourde pour exercer une pression sur les mailles tressées de la couleuvre.


-Maman tu peux bien me le dire? Pourquoi allons-nous préparer autant de cassaves?
-C'est qu'il va venir beaucoup de monde!!!
-Qui doit venir?
Tous les villages du Haut-Maroni, ceux du Litany, même ceux du Haut Tapanahony viendront.
-Dis mais ça fait au moins deux cents personnes! Pourquoi réunir autant de gens. Il va y avoir tous les Indiens Wayanas!!!
-Et pas que des Wayanas...Tu sais il faut aussi que l'on prépare le cachiri et de la nourriture pour au moins trois jours.

-Trois jours mais c'est le temps pour un maraké...Il va y avoir un maraké!!! Que je suis heureuse. Papa pourra porter la jolie ceinture que je lui ai fabriquée. Et puis peut-être que ce soir le capitaine du village pourra accepter que je le passe. J'ai tant envie de le passer. Tu crois que Papa va le demander au chef du village?
-Le temps que le jus s'écoule, va chercher de l'eau et mets-la à bouillir.
-Maman tu as passé le maraké quand tu étais petite?
-Je l'ai passé j'avais quinze ans et ton grand frère était alors un tout petit bébé...
- C'est dur? Ca fait mal?
-Ne m'ennuie pas avec tes questions... Si tu as demandé à passer le maraké à ton père, c'est que tu te sens prête à affronter la vie. Tu étais petite il y a cinq ans mais tu dois te rappeler comment ça se passe. Nous étions à Antécume Pata...


Antécume Pata vu d'hélico

Que ta soirée soit douce lecteur, laisse toi porter par la beauté des lieux. N'hésite pas à me questionner si quelque chose t'échappe...
Et puis retrouvez un poème de Marie dans Siamoises...

1 commentaire:

Muse a dit…

14 commentaires:

Gérard a dit…

Je vais tout de suite lire le poème de Mariel, merci Muse.
13/5/08 22:42
brigetoun a dit…

la vie quel que soit le fleuve nécessite pour les femmes force labeur
14/5/08 04:32
brigetoun a dit…

je n'arrive pas à ouvrir les siamoises -reviendrai
14/5/08 04:33
Rosie a dit…

La suite de cette belle histoire que j'aime tant, j'ai vu cela la préparation du manioc au Cameroun, je n'aime pas cela, mais les africains en rafollent, mais ils dégagent après une forte odeur, le manioc transpire par les pores de la peau et l'odeur est très très forte.

Bien hâte de voir si la jeune fille va passer le maraké.

Bon mercredi et bisous de ta p'tite cousine du Québec.
14/5/08 06:26
Rom a dit…

Belle pièce de vannerie, cette couleuvre... La beauté des lieux et celle de ton récit, aussi.
Bonne journée, Muse, bises.
14/5/08 09:54
patriarch a dit…

Nous avons tout à découvrir de ces gens qui vivent avec et par la nature. Au près d'eux, nous sommes bien petit malgré notre savoir culturel. Eux ont des connaissances naturelles. Si peu que nous les laissons diriger leur vie,sans y mettre notre grain de sel, ils peuvent très bien avancer dans le progrès.
14/5/08 10:45
herbert a dit…

Bonjour, Muse.
Je me sens toujours si bien dans ce récit.
Bonne journée, Muse
Bisous pour toi
14/5/08 11:24
mamounette a dit…

Bonjour Muse, moi aussi je suis passionnée par tes récits. J'adore. A bientôt et bises+++
14/5/08 11:33
Lyse a dit…

J'ai englouti cette nouvelle partie de l'histoire
C'est trop court vivement demain pour la suite

Où trouvé le poème de Marie dans Siamoises ?
Bonne journée Muse
14/5/08 14:03
Muse a dit…

Lyse, "Siamoises" est en lien dans mes visites quotidiennes... J'ai croisé ma plume avec celle de Marie depuis 2003... et je crois avoir des textes connus certes mais d'autres qui vous sont inédits... C'est aussi ainsi que nos amis nous appelaient, ou alors les deux M!

sinon le lien: http://mimulata.blogspot.com/

Merci à vous tous de votre passage.
14/5/08 15:04
Lyse a dit…

Merci Muse
Bisou
14/5/08 19:02
tanette a dit…

Je ne savais pas que le jus du manioc était nocif...A demain pour la suite. Bonne nuit Muse.
14/5/08 22:14
Muse a dit…

il est même poison Tanette...
Demain peut être pas car je pars en Lozère voir ma maman quelques jours, je rentre lundi soir.
14/5/08 22:23
AMBRE a dit…

un récit très intéressant et totalement inédit pour moi !
la Lozère ? tu risques d'avoir très chaud ;-)
bon séjour alors et à bientôt !
15/5/08 17:53