J'ai retrouvé Madame Joséphine, assise dans un fauteuil sur sa terrasse le lendemain, après la sieste. Après nos salutations, j'ai voulu en savoir plus. Elle avait sur sa tête un foulard noué serré et tirait déjà sur le tuyau de sa petite pipe. J'étais incapable de lui donner un âge. Je savais juste qu'elle était respectée dans le village...respectée et crainte.
Elle repris son discours de la veille, sans que j'ai eu besoin de lui rappeler l'endroit où elle avait laissé son récit.
Et ce matin, comme elle se l’était promis, voici notre petite Kulinaïlu qui se dirigea vers son papa, lequel était en train de placer le moteur sur sa pirogue.
-"Père lui dit-elle, amène moi à la chasse?"
-"Non, répondit-il. Tu ne peux pas venir; tout d'abord tu es une fille et tu dois aider ta maman; ensuite tu sais bien que seuls les enfants qui ont passé le maraké peuvent aller chasser!"
-"Et pourquoi je ne passerai pas le maraké ? Quand sera le prochain? Papa dit, je veux passer le maraké !"
A force d'insistance, le papa, qui connaissait bien sa fille lui dit:
-"Ce soir, les anciens du village et le chaman* nous nous réunissons pour décider d'une date. C'est notre village qui va organiser le prochain et je demanderai au conseil s'ils acceptent de te voir passer les épreuves. Mais tu sais c'est déjà dur pour un garçon, alors dis-toi que pour une fille ce sera encore plus dur; ils ne te feront aucun cadeau.
-Tu sais comme je suis courageuse...
-Je sais ma fille je te connais et je suis persuadé que tu peux les réussir...
En attendant retourne avec ta mère et laisse moi finir de préparer le canot"
Jamais journée n'aura été aussi longue. Et pourtant la petite Kulinaïlu n'avait pas eu le temps de s'ennuyer.
Elle était descendue au bord du fleuve pour sa toilette matinale en compagnie de ses deux petits frères. Le fleuve, lieu de vie de son village. Là, elle y avait rencontré ses deux amis et elle leur avait raconté comment elle avait osé parler à son père.
Les enfants jouèrent dans cette eau couleur de latérite, s’aspergeant, plongeant. Personne ne leur avait appris à nager et pourtant ils affrontaient tous les jours les courants rapides… Déjà quelques canots montaient ou descendaient le litany, amenant les hommes qui à la chasse, qui à la pêche.
Puis, elle était remontée manger un peu de couac* en guise de déjeuner.
*Le couac, obtenu avec le manioc, est formé de grains de couleur jaune et sert à l'alimentation de chaque jour.Que ta journée soit une douce journée, lecteur, accompagnée de moments d'intenses partages avec ceux que tu aimes.
9 commentaires:
un bisou muse, c'est avec plaisir que je découvre une nouvelle histoire à lire chaque jour....merci pour le brin de muguet... :-)
bonjour petite Muse
Je n'ai même pa eu le temps de te faire un petit coucou hier pour t'offrir un brin de muguet,Je me rattrape ce matin avec un gros bisou
Je viendrai lire dans la journée l'histoire de Kulinaïlu et te redéposerai un commentaire
Bise
la petite,me fait penser à mon désir adolecente d'être officier de famille -chacune dans l'admiration de son père.
Attendre, si les vieux ne la retiennent pas, ce sera pour ses petites filles
Bonjour, Muse. Moi, je suis attendri et j'attends la suite...
Merci pour tes mots, Muse,déposés en mon site.
Bisous pour toi.
Un bien joli récit qui sous une forme symbolique, touche des archétypes universels. Bises.
Muse bonjour
tu m'as demandé des infos sur l'artiste Ben CHEFFAJ ...Tout ce que je peux te dire pour l'instant qu'il est l'une des figure incontournable de l'art marocain ...
je lui ai suggéré de créer un site ...et comme il est tout le teps ds son atelier ...et des expos ...àgé loin du net ...et paresseux ...un ami paresseux voilà l'artiste ...et j'ai peur qu'il me passe sa paresse , car moi auusi je commence à m'eloinger de mon pc ...
Bonsoir Muse
Le récit est toujours aussi délicieux, l'appétit d'autant plus exigeant!
j'aimerai gouter au couac !
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