Une poule sur un mur (37)
Odile se chargea de placer le billet à la patte de la cigogne et l’envoya dans la direction de Mulhouse.. Fraïhaït s’éleva lentement dans les airs et d’un vol lourd sembla comprendre ce que lui demandait la petite fille. Elle prit la direction de la vallée et nous la regardions partir jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’un point à l’horizon… Elle était porteuse de tant de mots d’amour..
- «Allez les filles au travail ! Vous allez de suite prendre votre déjeuner et rejoignez-nous dans l’étable ! »
Nous nous égayâmes dans la stube pendant que Maman et tante Marie partaient à la traite…
Lorsque que nous revînmes, nous restâmes à observer la fabrication du précieux munster que nous pères avait coutume d’aller vendre au marché de Colmar chaque mois.
Dans la pièce contiguë à l’étable se trouvait « l’atelier » de fabrication de notre munster fermier. Oncle Théo possédait trois grandes cuves dans lesquelles Maman versa le lait frais de la traite de la veille et de celle du matin…Avec nos dix vaches réunies cela faisait des cuves pleines chaque jour.
- « Reinilde , tu t’occupes d’allumer le feu sous les cuves, je vais chercher le ferment et la pressure !
- Cela sert à faire cailler le lait…et il ne faut pas chauffer le lait trop fort…pas plus que pour un biberon… Les filles à deux, Odile et Milady, rentrez voir un bidon dans la cuisine. Nous en aurons besoin pour la cuisine. Nous allons être occupées un moment avec la cuisson…nous devons cuire le lait pendant une heure et demie au moins à feu doux. Regardez donc comment nous faisons ; cela pourra vous servir plus tard.
- Bon à présent que le feu est lancé et que la pressure est mise, nous allons nettoyer un peu l’étable…pas besoin d’être toutes là à regarder…nous vous montrerons ce que vous devez savoir ensuite.
Une fois la litière de la nuit enlevée et le sol lavé, tante Marie demanda à Odile et à moi de conduire les bêtes dans le pâturage du haut. Elle te garda auprès d’elle pour refaire une litière propre. Nous étions rarement séparées toutes les trois et pourtant la situation nouvelle imposait une répartition des tâches que nous avions comprise et accepté tout de suite. Nous aurions le temps de jouer ensuite.
Lorsque nous étions revenues, vous aviez rejoint maman qui s’activait à régler les feux. On te montra ce jour là comment trancher le lait caillé, tu souviens Milady ? Nous te regardions avec admiration, toi la grande. Il fallait sabrer délicatement le lait caillé en petits cubes de quelques centimètres. Et nous vous regardions toutes les trois, chacune à sa cuve, travaillant méticuleusement. Nous regardions le sérum blanchâtre s’échapper lentement . Il fallait quand même ne pas trop traîner, car d’un minutage précis dépendait la qualité première de notre munster. Le secret se transmettait de père en fils depuis déjà plusieurs générations. Et je dois dire qu’aujourd’hui encore sur le marché, place des Dominicains, notre munster est très prisé par les gens de la ville.
Un battement d’ailes à l’entrée de la marcairie, nous fit comprendre que Fraïhaït venait de rentrer de mission.
Je te souhaite ô lecteur, une journée agréable et douce..
10 commentaires:
j'ai vu hier dans mon ciel, juste au-dessus de ma maison, le même vol de cigogne et j'ai pensé à Fraïhaït.
Bonne journée Muse
le fait est que avec le nettoyage de l'étable et la préparation d'une litière, plus le reste, il n'y a plus trop de temps pour jouer
Contente de voir que la cigogne est de retour. Le moral est meilleur ?...
chez moi pas de cigognes, mais pour sourire les " six rondelles " sont de retour ! bof ! ! !
Tes herbes folles me font la remarque qu'on ne voyait plus guère de coquelicots dans les champs, et que d'année en année ils semblent réapparaître.
Et ça me redonne espoir : les traitements chimiques des cultures seraient-ils sur le point de devenir plus raisonnable...?
Ô Muse...une soirée agréable et douce ;-)
La photo tout en haut est si jolie, des herbes folles et quelques coquelicots...ça donne envie de si promener !
j'imagine Marie...je me souviens encore de cette vision de cigogne sous la neige à Munster...
Brig, il va falloir que les enfants grandissent en ces temps de guerre...hélas, trop vite...
Merci Heure Bleue, le moral remonte tout doucement...Merci de suivre, fidèle lectrice...
A tes six rondelles, je préfère mon gabian Gérard...
Remarque très juste André, que nous faisions il n'y a pas si longtemps, ah gentil coquelicot mesdames...
Que la tienne le soit pareillement Oli, merci de ta visite.
Magali voilà un bon sujet de promenade ce week end non?...je l'aurai aimé panoramique cette photo mais bon...
Bonne soirée lecteurs...
Merci d'être là ! En espérant que Fraïhaït apporte de bonnes nouvelles.
C'est génial les scènes de vie décrits comme cela, je vais regarder de plus près les peintures qui y ressemblent.
Bonne journée.
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