Une poule sur un mur (42)

Nous étions rentrées en suivant le chemin qui longe la rivière. Nous venions d’arriver au petit pont de bois lorsque nous vîmes le père Eugène , l’air renfrogné, le visage grave.
- « Bonjour Père Eugène lui as-tu dit. Que se passe –t-il ? Vous avez reçu de mauvaises nouvelles ?
- Les filles je vais chez la Marie. De ce temps là, les nouvelles ne sont pas bonnes.

Et il se tut. Il ne voulut plus parler jusqu’à ce qu’il rencontre notre tante et maman. Nous le suivîmes, inquiètes.

Marie avait l’habitude de le voir arriver en fin d’après-midi, porteur de nouvelles, mais toujours dans l’intention de se faire payer un petit verre du schnaps de notre oncle Théo qu’il appréciait tout particulièrement. Il faut dire qu’il savait bien la faire l’oncle sa mirabelle. Et puis depuis le début de la guerre c’était devenu un jeu entre l’Eugène et la tante. Elle retardait toujours le temps de sortir la bouteille et lui, se lissait les moustaches de sa langue. Elle attendait presque sa venue et commentait sa déception s’il ne passait pas. Souvent même, elle se rendait chez lui le lendemain pour voir s’il n’était pas malade.

- « Marie, t’es au courant des nouvelles ? Le Prince rappelle ses troupes sur Neu- Brisach. On dit même qu’une partie de son armée va partir pour la Lorraine. Les affaires sont sérieuses dans ce coin-là Ils abandonnent l’Alsace…
- Je savais qu’ils allaient sur Neu-Brisach mais pas plus…
- Mais ! Comment tu savais ça toi ?
- Par Théo … Il me l’a écrit. Regarde !

Eugène regarda le bout de papier et reconnut l’écriture de Théophile.

- « Tu as déjà reçu du courrier ? La poste aux armées fonctionne ?
- En fait je communique avec lui grâce à la cigogne d’Odile.



Que votre mardi soit doux et agréable...