Une poule sur un mur (46)
Nous étions le 10 août ; la chaleur était écrasante dès le matin et nous promettait sans doute des orages avant que la nuit ne tombe. Quelques brumes de chaleur restaient accrochées au flanc de la colline au-dessus de la ferme et de la Fecht .
- « Ce matin dit maman nous descendons sur Colmar, les filles ; dépêchez-vous ! Avec votre tante nous allons atteler la mule et charger les fromages pour le marché. »
Nous prîmes une fois encore notre petit déjeuner séparément. Un peu vite mais le lait de la ferme est tellement bon, pas vrai Milady ? Puis nous avions sorti nos vaches dans le pré sous la route proche de la ferme. Le regain avait poussé, elles auraient de quoi manger pendant notre absence et puis lorsque nous rentrerions, nous n’aurions pas à faire trop de chemin pour les remettre à l’étable.
La route qui descendait de Stosswihr à Munster était comme aujourd’hui bordée de forêts qui à cause de quelques hautes futaies nous cacha un instant du soleil. La mule trottinait le long des coteaux entre Walbach et Turkheim. Les vignes étaient belles et le raisin mûrissait laissant présager une belle vendange. Mais les deux femmes se demandaient qui s’occuperait de ce travail. Elles se rendaient pour leur part déjà compte de l’absence de leur mari.
Déjà nous arrivions dans les faubourgs de Colmar où nous portions notre production de munsters pour les vendre sur le marché de la place des Dominicains. Nous savions que la journée allait être longue et qu’il fallait vendre toute notre production pour pouvoir espérer acheter ce que la ferme ne produisait pas. Heureusement les « Théophile » étaient des fromages réputés et nous ne tarderions pas à avoir tout vendu. D’autant que la présence de nombreux militaires et leur effervescence rendaient le petit commerce prospère. On y rencontrait des Prussiens ou des Badois en plus des troupes habituellement stationnées.
On nous avait bien habillées comme pour un dimanche. Nous portions alors si ma mémoire ne me fait pas défaut une longue jupe parme sur laquelle nous avions posé un tablier d’une teinte mauve moins soutenue et un chemisier blanc à manche courte, recouvert par un gilet parme lui aussi mais avec des motifs fleuris. Nous portions un petit chapeau de paille.
Là, bien sûr les nouvelles allaient bon train. Nous en apprenions beaucoup plus que ce que pouvait nous en dire Eugène. Les militaires étaient heureux de parler de leurs premiers exploits. Malgré les rumeurs, une forte pression était posée sur Mulhausen que nos troupes allaient investir dans la soirée. Les Français se replieraient plus bas et tenteraient de verrouiller Belfort. D’autres dont papa remontaient les Vosges. Finalement nous n’étions guère plus avancées. Nous n’en savions pas plus. Le temps de faire une visite à une grand tante de notre maman dans la quartier des tanneurs et nous repartions vers notre ferme. Il était temps pour nous de rentrer le troupeau et d’écrire à l’oncle Théophile.
je te souhaite un mercredi paisible, lecteur, dans ma sérénité matinale; ma ville ne s'est pas encore réveillée et le soleil naissant nous promet ses rayons généreux;quelques chants d'oiseaux dans les arbres du parc me parviennent avant que le flot des parents et des enfants ne viennent couvrir leurs mélodieuses trilles. Belle journée à toi...
7 commentaires:
et le sensualité du soleil, du lait, un brin de coquetterie tournée vers les autres persistent dans la guerre
bientôt les trilles se tairont pour quelque temps ! bonne journée Muse.
J'aime beaucoup ta manière de déguster l'ici et maintenant.
De petites marchandes de fromage bien coquettes. Bon après-midi et à bientôt.
Bien matinale! Mais je te comprends, ce sont des moments privilégiés!
Bonne fin d'aprem!
Déjà mercredi petite mésange...
Belle soirée et vivement demain matin au lever du soleil.
Oli
"Finalement nous n’étions guère plus avancées. Nous n’en savions pas plus." Tu sais avec les satellites j'ai bien 10 chaines rien que pour les actualites. Je suis inondee par les infos dans toutes les langues ... et en fin de compte j'ai gobe beaucoup de mensonges, vu les images qu'on voulait bien me montrer (toutes les memes, les chaines internationnales se donnant le mot). Et je ne suis guere plus avancee.
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